La réponse des vrais théologiens par N.M. 2013-10-25 22:46:17 |
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L'accord des évêques confirmés par le pape à un moment donné suffit. En dehors des jugements solennels, chaque fois que le pape et les évêques attestent qu'une proposition est révélée ou fondée sur la Révélation, ils exercent le magistère ordinaire et universel infaillible.
1. Les Pères conciliaires et théologiens du Concile Vatican I
a) Mgr d'Avanzo, au nom de la Députation de la Foi :
« Pour déclarer de mieux en mieux l’état de la question, permettez-moi […] de rappeler comment l’infaillibilité s’exerce dans l’Église. De fait, nous avons deux témoignages de l’Écriture sur l’infaillibilité du Christ, Luc XXII : J’ai prié pour toi etc., paroles qui concernent Pierre sans les autres ; et la finale de Matthieu : Allez, enseignez etc., paroles qui sont dites aux apôtres, mais non sans Pierre, pour utiliser les mots d’Innocent III […].
« Il y a un double mode d’infaillibilité dans l’Église ; le premier est exercé par le magistère ordinaire de l’Église : Allez, enseignez etc. C’est pourquoi, de même que l’Esprit Saint, l’esprit de vérité, demeure dans l’Église tous les jours ; de même tous les jours [notons-le] l’Église enseigne les vérités de la foi avec l’assistance du Saint-Esprit.
« Elle enseigne toutes les choses qui sont soit déjà définies, soit contenues explicitement dans le trésor de la Révélation mais non définies, soit enfin qui sont crues implicitement : toutes ces vérités, l’Église les enseigne quotidiennement, tant par le pape principalement, que par chacun des évêques adhérant au pape.
« Tous, et le pape et les évêques sont infaillibles dans ce magistère ordinaire, de l’infaillibilité même de l’Église : ils diffèrent seulement en ceci que les évêques ne sont pas infaillibles par eux-mêmes, mais ont besoin de la communion avec le pape, par qui ils sont confirmés ; le pape, lui, n’a besoin que de l’assistance du Saint-Esprit à lui promise ; et ainsi il enseigne et n’est pas enseigné, il confirme et n’est pas confirmé.
« Même avec l’existence de ce magistère ordinaire, il arrive parfois soit que les vérités enseignées par ce magistère ordinaire et déjà définies soient combattues par un retour à l’hérésie, soit que des vérités non encore définies, mais tenues implicitement ou explicitement, doivent être définies ; et alors se présente l’occasion d’une définition dogmatique, dont il est question à présent. »
Mgr d’Avanzo, au nom de la Députation de la Foi, 20 juin 1870 (Concile Vatican I), in Mansi, Amplissima Collectio Conciliorum, tome 52, colonne 760, partie B, lignes 14 – 19 [M. 52, 760 B 14 – 19].
« Quant au sujet de l’infaillibilité, qui est l’Eglise, il est clair pour les catholiques qu’on ne peut nier sans hérésie que c’est le souverain pontife avec les évêques, soit réunis, soit dispersés. »
Mgr Zinelli, au nom de la Députation de la Foi, M. 53, 268 D.
« Lorsque, soit par un jugement solennel du magistère authentique (concile œcuménique ou Pape) soit par la prédication ecclésiastique unanime, l’accord présent de l’ensemble est clair et manifeste, cela suffit à soi seul (comme critère de l’apostolicité d’une doctrine). »
Cardinal Franzelin (qui fut membre de la Députation de la Foi), Tractatus de divina Traditione et Scriptura, ed. altera, Rome, 1875 (p. 296).
« Très discutée au cours des siècles derniers par les jansénistes qui espéraient par là diminuer la force de la condamnation portée contre eux par la Bulle Unigenitus, l’infaillibilité du magistère ordinaire a été niée aussi par certains théologiens des XVIIIème et XIXème siècles. Parmi eux, les uns prétendaient que l’assentiment de foi n’était requis que pour les définitions solennelles, et les autres, malgré leurs protestations, ne tenaient compte pratiquement que de celles-ci également.
« Le concile du Vatican a définitivement dirimé toutes les controverses, qui se poursuivaient malgré les condamnations antérieures, en portant le décret suivant, que le code a repris mot pour mot et dont le serment antimoderniste contient la substance : « De foi divine et catholique il faut croire que tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu, écrite ou livrée par la tradition et qui est proposé par l’Eglise soit par un jugement solennel, soit par le magistère ordinaire et universel comme devant être cru divinement révélé. »
Nicolas Iung, Le Magistère de l’Eglise, Bloud et Gay, 1935 (p. 152).
« On le voit, l’infaillibilité de l’Eglise ne s’exerce pas seulement en des circonstances solennelles, mais aussi dans l’enseignement quotidien et universel par lequel les fidèles sont conduits en toute sûreté dans la voie de la vérité. « Est à croire de foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu ou écrite ou transmise, et que l'Église, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel, propose à croire comme divinement révélé. »
Ch.-V. Héris, L’Eglise du Christ. Son sacerdoce, son gouvernement, éd. du Cerf, 1930 (p. 46).
« Les évêques disséminés sur le globe régissent leur Eglise particulière. Ils font davantage. Du fait qu’ils sont étroitement unis au pasteur suprême et qu’ils agissent avec son consentement tacite ou exprès, ils contribuent, d’une manière lente, vivante, diffuse, à conserver et à expliquer dans le monde le dépôt de la vérité révélée, à maintenir et à formuler les règles de la discipline commune, en un mot à régir même l’Eglise universelle. Est-il question, par exemple, du pouvoir déclaratif, le corps épiscopal, pour autant qu’il est en accord avec le souverain pontife, devient un organe par lequel l’enseignement ordinaire et quotidien de l’Eglise peut être donné au monde avec une infaillibilité propre et absolue. La foi divine et catholique, selon le concile du Vatican, embrasse, en effet, toutes les vérités qui se trouvent contenues dans la parole de Dieu écrite ou traditionnelle et que l’Eglise propose à notre foi comme divinement révélées, qu’elle fasse cette proposition par un jugement solennel ou par son magistère ordinaire et universel (D. 1792) ; et Pie IX précise que l’exercice du magistère ordinaire peut se faire sur tout le globe : « la foi divine ne doit pas se restreindre aux points expressément définis par les décrets des conciles œcuméniques, ou des pontifes romains et du siège apostolique ; mais elle doit s’étendre aussi aux points qui sont donnés comme divinement révélés par le magistère ordinaire de toute l’Eglise dispersée sur la terre ». »
Charles Journet, L’Eglise du Verbe Incarné, I. « La Hiérarchie apostolique », 2ème éd., 1955, Desclée de Brouwer (pp. 533-534).
« Dans la seconde partie de la thèse, nous avons démontré d’une manière générique que l’accord collégial des évêques en communion avec l’Evêque de Rome enseignant dans les choses de foi et de mœurs est infaillible. Maintenant nous disons qu’un tel accord peut avoir lieu non seulement dans les conciles œcuméniques, mais aussi en dehors des conciles, chaque fois qu’on peut montrer que les évêques dispersés sur la terre sont d’accords entre eux et avec le Pontife Romain en proposant à leurs fidèles une doctrine à tenir en matière de foi ou de mœurs. Nous disons donc que cet accord peut avoir lieu non seulement dans ce magistère extraordinaire qu’ils exercent lorsqu’ils définissent les choses de foi dans les conciles œcuméniques, mais aussi dans ce magistère ordinaire qu’ils exercent lorsqu’ils enseignent authentiquement les choses de la foi, soit dans leur propre diocèse, soit en synodes ou conciles particuliers.
« Certes, le magistère qu’exerce chaque évêque dans son diocèse, ou même plusieurs ensemble dans un concile provincial ou plénier, à lui seul, n’est pas infaillible, bien qu’il ait autorité, et réclame l’assentiment religieux des sujets de ces évêques. Ici nous ne parlons pas du magistère ordinaire de chaque évêque en particulier, mais nous ajoutons un élément nouveau : à savoir l’accord des évêques et entre eux, et avec le Pontife Romain pour enseigner la même doctrine. Cela est appelé magistère ordinaire et universel, dont nous disons qu’il est infaillible parce que et selon que, par l’accord, il est le magistère vraiment collégial du corps des évêques. »
F.A. Sullivan, De Ecclesia, I Quæstiones Theologicæ Fundamentalis, Roma, 1965 (pp. 303-304).
« Le collège épiscopal succédant au collège apostolique, il est infaillible en proposant une doctrine révélée ou liée à la Révélation, comme on l’a vu dans la thèse précédente. Or ce collège ne se trouve pas moins dans le magistère ordinaire ou dispersé des évêques, que dans leur magistère extraordinaire ou conciliaire. Donc les évêques ne sont pas moins infaillibles lorsqu’ils enseignent de manière concordante par leur magistère ordinaire que lorsqu’ils exercent leur magistère extraordinaire ou solennel. Et vraiment, l’assistance et les promesses du Christ ne sont nullement limitées à l’exercice du magistère solennel et extraordinaire ; bien plus, elles regardent plutôt le magistère quotidien des évêques : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » [Mat. XXVIII, 20]. »
T. Zapelena, De Ecclesia Christi, pars altera, Université Pontificale Grégorienne, 1940 (pp. 60 et suivantes.).
« THÈSE : Le magistère ecclésiastique, même dispersé sur la terre, est infaillible pour enseigner la doctrine du Christ (vérité de foi catholique). […]
« PREUVES DE LA THÈSE.
« a) Par la pratique de l’Eglise et par ses déclarations expresses : « L’Eglise s’est toujours attribué le droit de juger les hérésies d’une manière définitive en dehors des conciles œcuméniques, comme on le voit pour les trois premiers siècles et pour de nombreux hérésiarques des temps postérieurs (comme Pélage, Béranger, Jansénius). Bien plus, les hérétiques ont souvent été rejetés par l’Eglise alors qu’ils en appelaient de leur condamnation à un concile » (PESCH., n. 461).
« La soumission « qui doit s’accorder par un acte de foi divine, dit PIE IX, doit aussi s’étendre à ce qui est transmis comme divinement révélé par le magistère ordinaire de toute l’Eglise dispersée sur la terre, et qui pour cette raison, est considéré par les théologiens catholiques, dans un accord constant et universel, comme appartenant à la foi » (D. 1683).
« Le Concile du Vatican décrète : « En outre, sont à croire de foi divine et catholique toutes les choses qui sont contenues dans la parole de Dieu écrite ou transmise, et que l’Eglise propose à croire comme divinement révélées, soit par un jugement solennel, soit par le magistère ordinaire et universel » (D. 1792).
« b) Par les promesses du Christ : Le Christ a promis l’infaillibilité à son Eglise absolument et sans restriction, tous les jours, et pour toujours, et donc dans le ministère du magistère ordinaire et quotidien, tout autant que dans son exercice plus solennel.
« c) Par la nature de l’Eglise et par sa fin : Ce n’est pas seulement d’une manière extraordinaire, dans le concile, mais partout, toujours et quotidiennement, que l’Eglise doit proposer la vérité de telle sorte qu’elle engendre la foi dans les âmes, qu’elle repousse les hérésies, et qu’elle conduise les hommes au salut avec sécurité et efficacement : voilà sa charge essentielle. Or elle ne peut accomplir cette œuvre sans être infaillible. Donc. »
J.M. Hervé, Manuale Theologiæ Dogmaticæ, vol. I : De Revelatione Christianæ ; De Ecclesia Christi ; De Fontibus Revelationis, nouvelle édition, 1952, Berche et Pagis éditeurs, Paris (n° 496, pp. 491-492).
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