Tout d'abord merci pour votre stimulante réponse.
Concernant la relation entre l'Eglise enseignante et l'Eglise enseignée, mon propos n'est pas de méconnaître la valeur du "sensus fidei" du côté de l'Eglise enseignée, mais d'affirmer que ce dernier est en dépendance directe de l'Eglise enseignante et de son infaillibilité.
Analogiquement, le "sensus fidei" (des fidèles) est un "monument" de la foi de l'Eglise, au sens où la liturgie ou le magistère sont eux-mêmes des "monuments" de la Tradition. "Monument", au sens où la Tradition est transmise et donc contenue dans le magistère et la liturgie. "Monument" au sens où la foi de l'Eglise est reçue et donc possédée par les fidèles.
De telle sorte que le principal critère pour savoir si oui ou non telle proposition relève de la Tradition divino-apostolique est constitué par le magistère (et la liturgie - en dépendance du magistère). De telle sorte que l'un des critères notables pour connaître quelle est la foi de l'Eglise est de scruter le "sensus fidei".
A cette différence près que la hiérarchie - qui n'est pas seulement réception mais aussi transmission (à la différence des fidèles) - est divinement assistée en l'exercice de sa charge. Assistance divine qui culmine dans l'infaillibilité de son "pouvoir déclaratif" (pour parler comme Journet). De droit, la hiérarchie est infaillible dans cette réception du Donné Révélé (et des transmissions magistérielles antérieures) et dans sa transmission.
Les simples fidèles sont infaillibles de fait dans cette réception du Donné Révélé et des transmissions magistérielles passées et présentes. Autrement dit, leur témoignage est valable - et infaillible de facto - en tant qu'il est réception d'une transmission infaillible en droit (et de droit divin). C'est pourquoi l'on doit parler de dépendance du "sensus fidei" vis-à-vis de la hiérarchie.
Autrement dit encore, en tant que les fidèles reçoivent l'enseignement de la hiérarchie, ils sont assurés de ne pas se tromper, et leur réception est un témoignage sûr, un "monument" de la foi de l'Eglise qui est - par mandat divin - exprimée par la hiérarchie. Le "sensus fidei" est un "monument" de la foi de l'Eglise, c'est-à-dire : à travers le "sensus fidei", on peut savoir ce qu'enseignent le pape et les évêques.
En revanche, il est une perspective tout à fait fausse qui consiste à considérer que le Peuple de Dieu est de droit le réceptacle infaillible de la Parole de Dieu - et qui plus est, selon les inflexions du temps présent. Et que la hiérarchie doit ensuite traduire "magistériellement" cette réception directe de la Parole de Dieu. Autrement dit : l'ordre des choses, l'exacte dimension hiérarchique de l'Eglise s'en trouve révolutionnée.
Vous faites allusion aux propos de "pape François" dans la désormais fameuse interview à ses frères jésuites. Il est difficile de se lancer dans l'exégèse de pareils propos étant donné que lesdits propos relèvent à mon sens d'une parole plus suggestive que clairement affirmative (ce qui pose pas mal de problèmes). Cela étant dit, pareils propos semblent pouvoir être interprétés (ou à tout le moins récupérés) dans cette perspective renversée.
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