Si l'on conditionne l'infaillibilité de l'Eglise à son objet (la doctrine, le dogme), en prétendant que n'est infaillible que ce qui est orthodoxe, on détruit de fait cette même infaillibilité. Il n'y a plus de critère de jugement autre que subjectif, "je me forge ma propre opinion, c'est conforme non pas parce que l'autorité me l'enseigne, mais parce que je l'analyse moi-même comme conforme à la doctrine précédente".
Face à votre raisonnement, permettez-moi d'exprimer mon désaccord.
Ce qui est orthodoxe est infaillible et ce qui est infaillible est, par définition, orthodoxe. De façon que ce qui n'est pas orthodoxe il n'est pas infaillible.
Ceci dit, votre raisonnement serait correct si appliqué au cas où l'Autorité infaillible doit s'exprimer sur une question pas encore définie, qui est object de discussion avant son prononcement. Car si après la définition le fidèle ou le théologien ou l'évêque il rejetait la doctrine enseignée en tant que non-orthodoxe, alors evidemment l'infaillibilité serait détruite, parce que il serait le fidèle à décider de l'infaillibilité des choses.
Mais si - et c'est le cas que vous prenez en considération, il me semble - il s'agit d'une doctrine déjà définie par l'Eglise, tout fidèle sait que cette doctrine est vraie et orthodoxe (pour le fait même de l'avoir reçue par l'Autorité) et, par consequence, tous ce qui contrédit cette doctrine il ne peut pas être ni orthodoxe, ni infaillible. Autrement, l'infaillibilité serait détruite.
Si je devais raisonner comme vous proponez, je me retrouverais dans un volontarisme aveugle. Et bien oui, alors, qu'on ferait dépendre la verité d'un critère subjectif: la volonté de l'"Autorité". Exemple: demain l'
"Eglise" propose à croire cette doctrine: Marie n'a pas été élévée au Ciel.
Si je devais raisonner comme vous, je devrais accepter cette doctrine et y croire. Mais alors la Verité n'aurait plus de sens et l'infaillibilité moins encore.
Cordialement