Cher Meneau,
Vous posez une bonne question. Le dogme de la divinité de Notre Seigneur étant le dogme fondamental de notre foi et étant exprimé clairement de tout temps dans la formule de baptême (entre autres) il serait de prime abord facile de vous répondre que l'hérétique notoire qui nie ce dogme n'est plus membre de l'Église tout court (ni de l'ecclesia docens ni de l'ecclesia discens), même ante sententiam, et donc n'est certainement pas sujet du magistère. Mais cela serait bien trop simple au regard de la complexité de la situation qui régnait au cours du quatrième siècle surtout où nous voyons même des saints s'entre-soupçonner d'hérésie et une infinité de cas difficiles à résoudre.
Mais je pense que le principe que l'hérétique notoire est exclu ipso facto de l'Église reste la clé de l'affaire. Cette vérité permet de constater que les évêques manifestement ariens ne comptaient pas pour constituer le sujet du magistère ordinaire. Pour les nombreux cas douteux sans doute cet argument ne s'applique pas directement. Mais il me semble que l'évêque en qui les catholiques du temps ne pouvaient pas voir avec un minimum de certitude un pasteur légitime - tellement le soupçon d'hétérodoxie pesait sur lui - était indirectement exclu aussi, sinon de l'exercice de son magistère propre dans son diocèse auprès de ses fidèles, mais de faire partie de ce magistère ordinaire et universel qui jouit de l'infaillibilité.
Mon raisonnement est que l'infaillibilité du MOU n'agit pas au niveau de l'individu - toujours faillible sauf le pape - mais au niveau de la coalescence des actes individuels qui ensemble atteignent une suffisante importance qu'ils représentent l'Église.
Ainsi la question qui se pose, afin de constater une doctrine enseignée par le MOU est toujours : est-il clair, de par le nombre des évêques qui cautionnent cette doctrine, ainsi que par les termes qu'ils emploient et tout l'ensemble des circonstances, que c'est l'Église elle-même qui s'engage dans cet enseignement ?
Je crois que l'on ne pouvait pas raisonnablement penser au 4e siècle que l'Église s'engageait à enseigner le semi-arianisme (et bien sûr pas l'arianisme) par le MOU des évêques dispersés, vu les désaccords notoires, les doutes répandus de l'orthodoxie des mécréants, les voix orthodoxes épiscopales qui n’ont jamais fait défaut (par exemple au concile de Rimini) et aussi le fait que les simples fidèles, plus orthodoxes que beaucoup de leurs pasteurs réels ou apparents, se méfiaient de la nouveauté et ne reconnaissaient pas la voix autorisée de l’Église en la doctrine qui se répandait et qui prétendait être la sienne.
Bref – obscurcissement partiel et temporaire du sujet du MOU – pas plus. Mais un précédent qui montre que cela peut arriver. Ab esse ad posse valet illatio.
Good luck with the English.
Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel.
Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici.
D'avance, merci !