Par ailleurs, Jean XXIII et Paul VI n'ont pas "expliqué que ce Concile n'était pas dogmatique".
- Jean XXIII a exprimé la volonté que le concile Vatican II s'attache à la pastorale - ce qui n'a pas empêché ledit concile d'aborder des questions éminemment dogmatiques, comme la Révélation ou la divine constitution de l'Eglise.
- Paul VI (Discours du 12 janvier 1966), à la suite de Mgr Felici (secrétaire général dudit concile), a déclaré que le concile Vatican II avait "évité de prononcer d'une manière extraordinaire des dogmes comportant la note d'infaillibilité".
A partir de là, les gens qui - comme vous ignorent souverainement le b-a-ba des notes théologiques - en ont conclu grossièrement et abusivement que Paul VI et les Pères conciliaires n'avaient pas voulu traiter du dogme, ni engager l'infaillibilité du magistère.
Alors que Paul VI s'est contenté de signifier - ce qui est en effet bien clair - que le concile Vatican II ne comporte aucun jugement solennel (magistère extraordinaire) en matière dogmatique.
Autrement dit : cf. ici, Paul VI et les Pères conciliaires n'ont pas promulgué de dogmes de foi divine définie.
Sauf que le magistère ordinaire et universel peut aussi (et pas seulement les jugements solennels) se prononcer infailliblement en matière de dogme : ce sont les dogmes de foi divine et catholique (pour reprendre la terminologie des Notes théologiques).
Les ignorants confondent le dogme avec les définitions dogmatiques. Les définitions dogmatiques (= dogmes de foi divine définie) sont des dogmes, mais les propositions du magistère ordinaire et universel en matière de dogme sont aussi des dogmes (de foi divine et catholique).
Par ailleurs, il est notoire que l'objet du magistère infaillible ne se limite pas au Donné Révélé et donc au dogme. Il embrasse également les vérités connexes à la Révélation :
"De fide catholica in genere est doctrina quae cum revelatis certo ac necessario connexa est et ab Ecclesia infallibiliter ut tenenda proponitur."
Joachim Salaverri, s.j., in Sacrae Theologiae Summa, t. I, 3e éd., 1955, p. 806.
Et là encore, comme pour le dogme, il faut distinguer entre la proposition (infaillible) de ces vérités connexes au moyen de jugements solennels ou par le magistère ordinaire et universel :
"De fide definita est doctrina quae cum revelatis certo ac necessario connexa est et ab Ecclesia infallibiliter ut tenenda proponitur sollemni iudicio Concilii Oecumenici vel Papae ex Cathedra loquentis.
[...]
"De fide catholica stricte est doctrina quae cum revelatis certo ac necessario connexa est et infallibiliter ut tenenda proponitur ab universali et ordinario Ecclesiae Magisterio."
Joachim Salaverri, s.j., ibid., 808.
Autrement dit, les propositions infaillibles du magistère se récapitulent comme suit :
(1) Les dogmes de foi divine définie - à savoir les jugements solennels en matière de dogme (ou définitions dogmatiques) ;
(2) Les dogmes de foi divine et catholique (au sens strict) - à savoir les propositions du magistère ordinaire et universel en matière de dogme ;
(3) Les vérités de foi (catholique) définie - à savoir les jugements solennels en matière connexe au Donné Révélé ;
(4) Les vérités de foi catholique (au sens strict) - à savoir les propositions du magistère ordinaire et universel en matière connexe au Donné Révélé.
Paul VI (Discours du 12 janvier 1966) explique que le concile Vatican II a "évité de prononcer d'une manière extraordinaire des dogmes comportant la note d'infaillibilité".
Cela signifie tout bonnement que Paul VI et les Pères conciliaires n'ont pas promulgué de dogme de foi divine définie (1).
Mais cela ne signifie absolument pas qu'ils n'ont pas - par le fait même - voulu s'abstenir de se prononcer infailliblement en matière de dogme, puisque
Paul VI n'exclut absolument pas la présence de dogmes de foi divine et catholique (2).
Et cela ne signifie pas non plus qu'ils n'ont pas voulu s'abstenir de se prononcer infailliblement en matière connexe à la Révélation, puisque
Paul VI n'exclut absolument pas la présence de vérités de foi définie (3),
ni de vérités de foi catholique (4).
Je sais bien qu'il existe - entre l'Abbé Lucien et Avrillé (notamment) - tout un débat pour savoir si oui ou non les enseignements d'un concile œcuménique pourraient relever (seulement) du magistère ordinaire et universel - qui est exercé quotidiennement par le corps épiscopal dispersé (en union avec le pape).
Mais outre le fait que - dans le cas envisagé - ce qui a été enseigné par les évêques réunis à Vatican II a également été enseigné depuis par l'épiscopat dispersé, et outre le fait qu'on ne voit pas très bien au nom de quoi le corps épiscopal ne pourrait pas faire réuni ce qu'il est capable de faire dispersé...
... et donc à supposer que Vatican II (censément promulgué par un vrai et légitime pape) ne puisse relever que du magistère extraordinaire (ce qui ne me semble pas exact) - ce qui exclut (2) et (4) - il n'en demeure pas moins que Paul VI n'exclut absolument pas, à Vatican II, la présence de jugements solennels infaillibles en matière connexe à la Révélation (3).
En conclusion, je constate, Maître, que vous méconnaissez gravement les enjeux réels du sujet que vous prétendez traiter. Ce qui est proprement
ridicule. A votre décharge, vous n'êtes pas le seul, et cela fait des années que, de bulletin "tradi" en bulletin "tradi", les "traditionalistes" sont menés en bateau sur toutes ces questions.
Je constate également - une fois de plus - que vous êtes manifestement
incapable de traiter la question du magistère et de l'infaillibilité pour elle-même et donc indépendamment des problèmes posés par Vatican II et de la position "lefebvristante" à laquelle vous voulez arriver coûte que coûte et en dépit de tout.