Et la chose est en fait bien simple.
Si l'Eglise n'a pas défini infailliblement qu'elle peut statuer infailliblement des faits dogmatiques, c'est qu'elle n'en a pas besoin, puisqu'elle a, infailliblement, déjà statué certains faits dogmatiques.
Vous ne voyez pas ?
Il n'y a aucune utilité ni aucune nécessité de définir la possibilité de faire infailliblement ce qu'on a déjà fait infailliblement.
Le fait que l'Église peut définir un fait dogmatique est pour cette raison, la simple raison qu'elle l'a fait, théologiquement certain. Le nier serait une erreur en théologie, puisque cette négation entraîne la négation d'un dogme.
Car le fait que l'Église a défini dans le passé tel ou tel fait dogmatique est historiquement établi et un telle définition est déclarée irréformable, donc un dogme.
Le Magistère ne saurait lier infailliblement si ce qu'il fait en l'occurrence ne pouvait avoir cet effet.
Ainsi est hérétique celui qui nierait, ce qu'a Dieu ne plaise, que les cinq thèses condamnées comme hérétiques par le pape Innocent X le sont dans le sens qu'on trouve dans l'oeuvre de Jansenius (le pape Alexandre VII : definimus ... in sensu ab eodem Cornelio Iansenio intento)
"Dans le sens" [et je réponds dans la foulée aussi à Marquandier] cela ne veut pas dire que les thèses s'y trouvent nécessairement, n'y qu'elles doivent s'y trouver, mot pour mot [ce n'est le cas que pour la première, et la condamnation ne le prétend par ailleurs pas], mais que le sens exprimé par les thèses condamnées se trouve, éventuellement éparpillé sur plusieurs pages, dans l'ouvrage incriminé (trois in-folio de 2.000 pages). Ainsi Bossuet pouvait dire à juste titre que ces thèses étaient l'âme du livre et que le livre n'était pas autre chose que les propositions elles mêmes.
C'est une pratique courante, pour une condamnation magistérielle, de condenser des énoncés souvent à dessein diffus et verbeux, pour en rendre clair le sens incriminé. Cela est parfaitement légitime et souvent nécessaire pour couper court à toute tentative de "noyer le poisson". L'assistance divine du Magistère, statuant de façon définitive, nous en garantit l'authenticité et la véracité et nous lie, même si ce procédé ne satisfait pas le sens de rigueur (déplacé en l'occurrence) de l'un ou l'autre.
Mais on voit hélas que ce n'est pas encore suffisant.
Je confesse que je n'aurais jamais pensé que le serpent janséniste aurait pu encore faire de tels dégâts dans de jeunes esprits du XXIe siècle.
C'est nouveau pour moi, et c'est ahurissant.
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