Deux objections traitées, une esquivée par Réginald 2025-07-23 10:03:39 |
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1/ Le Catéchisme ne dit pas que la peine de mort est intrinsèquement mauvaise, mais qu’elle est désormais inadmissible, c’est-à-dire non recevable dans les conditions actuelles. Ce jugement repose sur une prise de conscience accrue de la dignité humaine, et non sur une rupture doctrinale. La dignité humaine ne change pas, mais la perception que nous en avons peut s’approfondir. Ce type de développement n’est ni inédit ni problématique en soi.
2/ Vous me demandez si l’Église a jamais justifié l’esclavage. La réponse est oui, dans certaines circonstances historiques. Par exemple, dans la bulle Romanus Pontifex de Nicolas V (1455), on peut lire :
«Nous, pesant toutes choses avec la réflexion appropriée, et notant que depuis que nous avions autrefois, par des lettres précédentes de notre part, concédé au Roi Alphonse et à ses successeurs, entre autres choses, la pleine et entière faculté d'attaquer, de rechercher, de capturer, de vaincre, de soumettre tous les Sarrasins et les Païens et les autres ennemis où qu'ils se trouvent […] et de réduire leurs personnes en servitude perpétuelle [illorumque personnas in perpetuam servitudinem redigendi] [illorumque personas in perpetuam servitudinem redigendi] »
Ce texte autorise explicitement la réduction en esclavage de non-chrétiens, dans un contexte de croisade et d’expansion coloniale. Il s’agit bien d’une approbation positive, non d’une simple tolérance.
3/ Enfin, vous affirmez que le prêt à intérêt n’a jamais été condamné en soi. Or, l’encyclique Vix pervenit (Benoît XIV, 1745) est très claire :
« L’espèce de péché appelée usure et dont le lieu propre est le contrat de prêt – dont la nature demande qu’il soit rendu autant seulement que ce qui a été reçu – consiste pour le prêteur à exiger – au nom même de ce contrat – qu’il lui soit rendu davantage que ce qui a été reçu et, par conséquence, à affirmer que le seul prêt donne droit à un profit, en plus du capital prêté. Pour cette raison, tout profit de cette sorte qui excède le capital est illicite et usuraire. II. Personne ne pourra être préservé de la souillure du péché d’usure en arguant du fait que ce profit n’est pas excessif ou inconsidéré mais modeste, qu’il n’est pas grand mais petit. »
Cette condamnation vise donc tout intérêt exigé du seul fait du prêt, même minime. Ce n’est que plus tard, avec l’évolution des pratiques économiques et juridiques, que l’Église a reconsidéré certains profits licites liés à l’usage du capital, mais non au prêt comme tel.
4/ Enfin Vous avez pris soin de répondre sur l’esclavage et le prêt à intérêt. J’observe cependant que vous avez laissé de côté la question de la torture. Ce seul fait suffit à montrer que la perception morale peut évoluer dans la continuité du même principe fondamental.
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