Le pape Benoît XIV par Réginald 2025-07-17 19:56:39 |
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Le pape Benoît XIV, dans son œuvre monumentale De servorum Dei beatificatione et beatorum canonizatione, enseigne ce qui suit :
« Quiconque oserait prétendre que le Pape s’est trompé dans telle ou telle canonisation, ou que tel ou tel Saint canonisé par le Pape ne doit pas être vénéré par un culte de dulie, celui-là, disons-nous, s’il n’est hérétique [comme le pense Benoît XIV],doit être considéré comme un téméraire qui scandalise toute l’Église, outrage les Saints, favorise les hérétiques qui nient l’autorité de l’Église dans la canonisation des Saints, sent l’hérésie en ce qu’il donne aux incrédules occasion de se moquer des fidèles, soutient une proposition erronée et mérite les plus graves censures. » Livre I, chap. 45, n° 2
Quant à Saint Thomas voilà ce qu'il enseigne (Quodlibet IX, q. 8) :
Question : Tous les saints canonisés par l’Église sont-ils dans la gloire, ou bien certains d’entre eux pourraient-ils être en enfer ?
Objection 1 : Il semble que certains de ceux qui sont canonisés par l’Église peuvent être en enfer.
En effet, nul ne peut être certain de l’état d’une personne, pas même de soi-même : car « ce qui est de l’homme, nul ne le connaît, sinon l’esprit de l’homme qui est en lui », comme il est dit en 1 Co 2,11.
Mais un homme ne peut pas être certain de lui-même, s’il est en état de salut ; car il est écrit en Ecclésiaste 9,1 : « Nul ne sait s’il est digne de haine ou d’amour. »
Donc, à plus forte raison, le pape ne le sait pas : il peut donc se tromper en canonisant.
Objection 2 : De plus, quiconque, en jugeant, s’appuie sur un moyen faillible, peut se tromper.
Or, l’Église, en canonisant les saints, s’appuie sur le témoignage humain, puisqu’elle enquête par des témoins sur la vie et les miracles.
Donc, puisque le témoignage des hommes est faillible, il semble que l’Église peut se tromper dans la canonisation des saints.
Au contraire :
1. Dans l’Église, il ne peut y avoir d’erreur condamnable.
Or ce serait une erreur condamnable de vénérer comme saint un pécheur, car certains, connaissant ses péchés, penseraient que cela est faux, et pourraient ainsi être conduits à l’erreur.
Donc l’Église ne peut se tromper en de telles matières.
2. En outre, Augustin dit dans une lettre à Jérôme que, si l’on admet un mensonge dans l’Écriture canonique, notre foi, qui repose sur elle, chancelle.
Or, de même que nous sommes tenus de croire ce qui est dans l’Écriture, de même nous sommes tenus de croire ce qui est communément défini par l’Église ; c’est pourquoi celui qui pense contre les décisions des conciles est jugé hérétique.
Donc le jugement commun de l’Église ne peut être erroné.
Réponse :
Je réponds qu’une chose peut être jugée possible si on la considère en elle-même, mais impossible lorsqu’on la rapporte à quelque chose d’extérieur.
Je dis donc que le jugement de ceux qui président à l’Église pourrait se tromper sur n’importe quoi, si l’on ne considérait que leur personne.
Mais si l’on considère la providence divine, qui dirige son Église par l’Esprit Saint afin qu’elle ne se trompe pas — comme lui-même l’a promis en Jean 16, que l’Esprit enseignerait toute vérité, c’est-à-dire ce qui est nécessaire au salut —, alors il est certain que le jugement de l’Église universelle sur les choses touchant à la foi ne peut se tromper.
C’est pourquoi il faut s’en tenir à la sentence du pape — à qui revient de déterminer ce qui relève de la foi — plus qu’à l’opinion de n’importe quel savant sur l’Écriture ; de même que Caïphe, bien qu’impie, parce qu’il était grand prêtre, a prophétisé sans le savoir (Jn 11,51).
Concernant les autres jugements qui portent sur des faits particuliers — comme les possessions, les crimes, etc. — le jugement de l’Église peut se tromper, en raison de faux témoins.
Mais la canonisation des saints est intermédiaire entre les deux : pourtant, puisque l’honneur rendu aux saints est une profession de foi, par laquelle nous croyons à leur gloire, il faut pieusement croire que, même en cela, le jugement de l’Église ne peut se tromper.
Réponse aux objections :
Ad 1 :
Le pontife, auquel revient la canonisation des saints, peut être certain de l’état de quelqu’un par l’enquête sur sa vie et l’attestation des miracles, et surtout par l’inspiration de l’Esprit Saint, qui sonde tout, même les profondeurs de Dieu.
Ad 2 :
La providence divine préserve l’Église de se tromper en de telles matières, malgré le caractère faillible du témoignage humain.
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