un raccourci un tantinet simpliste pour ne pas dire plus par Luc Perrin 2025-07-17 13:28:00 |
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Je n'ai pas lu encore la synthèse du Prof. Roberto de Mattei à laquelle vous faîtes allusion et votre post m'incite à l'ajouter à mes lectures estivales.
Toutefois pour corriger un peu votre jugement des plus abrupts, je précise ceci qui est d'ores et déjà archi connu, bien documenté dans des centaines d'ouvrages académiques :
- Montini un très proche de Pie XII est écarté au moment de l'épisode du hoquet en 1954 de la Curie romaine : il existe plusieurs études sur les circonstances et la lutte d'influence au sein de la Curie qui tient autant à des affaires politiques italiennes - Montini est lié à la démocratie-chrétienne depuis son enfance via son père - qu'ecclésiales.
Incontestablement il était une figure "progressiste" si vous voulez usez de ce mot bien que de façon très modérée par rapport à un Père Chenu ou d'autres. Il faudrait entrer dans moult nuances et personnellement je n'userais pas du mot pour Montini à cette date.
C'est plus un néo-thomiste "réformiste" lecteur de Jacques Maritain qui devient suspect à Rome dans les années 1950. Il est en contact avec le Mouvement missionnaire français et vers 1962 est ouvert à une réforme liturgique modérée - vernaculaire partiel - mais au-delà de ce que Jean XXIII imagine. Il n'est pas hostile au principe des prêtres-ouvriers et en reçoit certains à Milan.
- oui et c'est écrit partout le cardinal archevêque de Milan fait partie du groupe de cardinaux, très officiel rien de secret, que Jean XXIII consulte lors de la première période du Concile en 1962 pour déterminer l'agenda après la crise du rejet du schéma sur les deux sources de la Révélation et l'émergence de la "Majorité" et de la "Minorité" au grand jour. C'était visible mais pas public dans la Commission centrale préparatoire de 1961-1962.
- oui c'est aussi connu et évident que Montini qui est un des ténors de la Majorité en 1962 mais un peu en retrait à la façon de Prevost-Léon XIV par rapport aux cardinaux flamboyants (Suenens, Lercaro) surtout, était un papabile, LE papabile de 1963, à la façon de Pacelli en 1939. Il est clair que la Majorité cherchait un des leurs en 1963, que les papes étaient encore d'office italiens à cette date et que le pédigrée curial/épiscopal - pro-secrétaire d'État avant de partir à Milan 2e siège d'Italie après Rome en importance - et son engagement en 1962 faisait de Montini un candidat logique pour le conclave de 1963. L'archevêque de Gênes, le cardinal Siri, autre papabile s'était marqué comme soutien de la Minorité.
La genèse de l'élection de Léon XIV est bien plus mystérieuse - au plan de ce que l'on sait actuellement - que celle de Paul VI.
Rien de bizarre donc, rien de neuf et pas besoin de mettre du complot et des souterrains là où il n'y en a pas. Il y a bien des complots réels, je suis le premier à le dire et on l'a vu à diverses reprises dans les dernières années mais la présentation que vous faîtes de faits archi connus peut induire le lecteur en erreur, à mon humble avis. Et votre conclusion me paraît surréaliste sur la base des faits indiqués.
ps. concernant les béatifications/canonisations de papes contemporains à tout va, j'ai déjà exprimé mes grandes réserves. Elles me semblent précipitées et fondamentalement inopportunes la béatification de Pie IX exceptée puisqu'on a du recul avec lui.
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