Je me suis plié à l’exercice par Réginald 2025-07-22 23:16:16 |
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Je me suis plié à l’exercice, et j’ai lu le chapitre LXV du De servorum Dei beatificatione. Je comprends mieux, à présent, pourquoi vous m’avez renvoyé à la source sans la commenter vous-même : ce que dit Benoît XIV est tout sauf commode pour votre thèse.
Voici ce qu’on y lit :
« CHAPITRE LXV
La question est de savoir s’il est de foi que le Souverain Pontife ne peut errer dans la canonisation des saints ; et s’il est également de foi que la personne canonisée est réellement sainte.
1. etc. Cela est nié par Jean de Saint-Thomas (dans II-II, disp. 9, art. 2), Théophile Raynaud (Heteroclita spiritualia, section 3, point 1, tome 15), et plusieurs autres auteurs de grand renom. Cela est affirmé par Verricellus (Quaestiones morales et legales, traité 8, question 24), Riccioli (cité) et d’autres docteurs de moindre renom.
22.23. La première opinion (celle qui nie que ce soit de foi) s’appuie sur l’autorité de saint Thomas d’Aquin, qui enseigne (dans livre 9, question 7, article 16) que la canonisation est quelque chose d’intermédiaire entre les vérités de foi et les faits particuliers : la foi repose sur des révélations divines faites aux Apôtres, aux Prophètes, et sur des choses semblables ; de là, les partisans de cette opinion concluent que l’infaillibilité du Pape dans la canonisation, et la sainteté du canonisé, ne relèvent de la foi qu’au sens réductif, puisque la gloire du canonisé n’a pas été révélée, ni ne se trouve dans les Écritures ou la Tradition ; c’est pourquoi ils affirment que celui qui nie cela n’est pas formellement hérétique, mais mérite une censure théologique.
Cela concorde avec le texte du chapitre Super quibusdam, dans De signis, et ailleurs. Ils ajoutent que de telles choses ne peuvent être mises parmi les dogmes de foi par l’Église ; ce qui n’a pas été révélé, même de façon implicite ou virtuelle, comme la sainteté particulière d’un homme, ne peut être considéré comme tel. Pourtant, le culte rendu à un canonisé ne peut pas être nié impunément, tout comme on ne peut refuser la vénération de l’hostie exposée, même si l’on ne croit pas de foi qu’elle soit consacrée. De même, toutes les choses déclarées par le Souverain Pontife, sous l’inspiration du Saint-Esprit, en matière de foi, ne sont pas forcément des articles de foi, même si elles sont infaillibles ; et celui qui en nie certaines ne tombe pas nécessairement dans l’hérésie, comme il est clair avec certaines propositions condamnées ; car est hérétique celui qui, professant la foi, persiste dans une erreur contraire à une vérité catholique certaine. »
Benedictus XIV, Doctrina de servorum Dei beatificatione et Beatorum canonizatione in synopsi redacta, auctore Emmanuele de Azevedo S.J., consultore Sacrorum Rituum, Bruxelles, 1840, pp 42 et 43.
Commentaire : Ces auteurs ne nient l’infaillibilité pontificale en elle-même, mais ils font une distinction importante : l’acte de canonisation est infaillible en ce sens qu’il ne peut contenir d’erreur, mais il ne relève pas de la foi révélée (Scripture/Tradition), donc il n’est pas un dogme, et son rejet n’est pas formellement hérétique.
Autrement dit :
• Il y a bien une controverse sur le statut de foi des canonisations, mais pas sur leur infaillibilité pratique, qui est largement reconnue ;
• Le refus d’adhérer à une canonisation expose à la censure, même s’il n’est pas formellement hérétique ;
• Et l’infaillibilité pontificale ne se limite pas aux seuls dogmes de foi, mais s’étend aussi aux jugements ex cathedra sur des objets connexes à la foi – comme les canonisations.
En somme, vous m’invitiez à faire le travail que vous ne souhaitiez pas faire. Je l’ai fait. Mais il s’avère qu’il ne vous sert guère.
Je vous remercie néanmoins pour la référence : elle éclaire utilement le débat.
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