Jusqu'à nouvel ordre, et même dans l'Education Nationale malgré l'évolution du niveau que l'on sait, c'est toujours dans les petites classes que l'on apprend ou est censé apprendre l'alphabet, les tables de multiplications etc., toutes choses pour lesquelles le par cœur est d'une incontestable utilité et doit certainement tenir une place prépondérante (ce qui ne veut pas dire être rigoureusement exclusif).
Pour la suite de la scolarité, puis des études, dès lors que l'on sort des interrogations de cours, la place du par cœur diminue très sensiblement, même si elle continue à exister et à avoir son importance (exemple déjà cité des chronologies en histoire).
Si vous croyez que pour faire de l'histoire, ou plus généralement des lettres, à l'université, il suffit de tout savoir par cœur, vous vous exposez à de très sévères déconvenues.
Un étudiant qui connaît son cours par cœur et le récite mot à mot dans sa dissertation commettra presque fatalement un hors sujet, ce qui dans un concours signifie qu'il obtiendra à tous les coups une note inférieure à la barre d'admissibilité. En première année de licence, il aura à la rigueur tout juste la moyenne, mais uniquement parce que le correcteur est gentil et veut récompenser le travail fourni.
Et encore, c'est de la dissertation que je parle. En commentaire de document, une méthode basée uniquement sur le par cœur conduira non à une note médiocre, mais à une note désastreuse. Pourtant, ma discipline, parmi les disciplines littéraires, est l'une de celles qui se prêtent le mieux à ce type d'apprentissage (utile et nécessaire, je le répète, mais uniquement pour des points précis).
Pour ce qui est des études littéraires au-delà de la licence, si l'on excepte les concours, le par cœur en tant que tel est d'une utilité à peu près nulle. Expliquez-moi à quoi sert le par cœur quand vous devez dépouiller un carton d'archives, analyser un texte, rédiger un mémoire ou une thèse.
Cela vous plaît ou cela ne vous plaît pas, mais c'est ainsi. Alors oui, je mets des notes médiocres (9 ou 10 à la rigueur s'ils s'expriment bien) à des étudiants qui connaissent par cœur le cours. Et ne croyez pas qu'il s'agit d'une lubie personnelle. Tous les collègues font de même.
En conscience, je ne peux pas mettre davantage à un hors sujet. Et en conscience, je ne peux pas davantage faire croire à des étudiants qu'ils ont bien compris les exercices alors qu'ils ne font que réciter le cours, et je ne peux pas les favoriser par rapport à des étudiants qui ont su mener une réflexion à partir du sujet même en ayant des connaissances moins fournies.
Je n'irai pas plus loin sur ce sujet ; si vous n'êtes pas capable de comprendre cela, je n'y peux rien. Et je plains vos élèves.
Peregrinus
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