Du reste, relever que tel ou tel aspect du mystère chrétien n'est pas mentionné dans un concile notoirement inachevé n'a pas nécessairement grand sens.
La constitution
Pastor aeternus est intitulée
Constitutio dogmatica prima de Ecclesia Christi. Il n'y en a pas eu d'autres que cette "première", qui ne traite (et ne définit, rappelons-le pour les esprits forts, mais peut-être en vain) que deux points : le primat de juridiction universelle du Pontife Romain sur tout individu et toute église (
in omnes ac singulas ecclesias, in omnes et singulos pastores et fideles, ch. I-III) et son magistère infaillible au ch. IV. Deux points importants, certes, mais qui ne couvrent pas, bien évidemment, l'ecclésiologie toute entière.
Deux points aussi, et c'est providentiel car c'est là que le bas blesse, que refusent obstinément, sinon de principe, au moins dans la pratique, certains de nos interlocuteurs ici et ailleurs, pour des motifs bien divers, qu'ils soient gallicans, "port-royaux", libéraux ou orientalisants, à la sauce "tradie" au choix [cela n'arrange rien], sans parler bien entendu des modernistes ..., mais ces différences importent peu vu l'enjeu dramatique qui est toujours le même : le naufrage par rapport à la foi (cf. 1Tim.1,19).
Le texte de cette constitution, la seule
De Ecclesia qui ait été définie en 1870, concernant le primat et l'infaillibilité (celle de l'Église d'abord (cf. déjà
Dei Filius), du Pontife ensuite : le texte dit
eadem infallibilitate pollere) a été pris des chapitres IX et XI du premier schéma
De Ecclesia (intitulé
Supremi pastoris), qui en comporte en tout 15 (avec 21 canons).
Tout le reste du texte de ce schéma aurait dû être incorporé dans une deuxième constitution, intitulée
Tametsi Deus, qui n'a pas abouti. Son rédacteur, le père Kleutgen, un des meilleurs ...
patrologues du XIXe s. [peut-être cela fera réfléchir certains adeptes de la "nouvelle théologie", mais j'en doute] a pris en compte le résultat des discussions des pères conciliaires, mais le texte n'a plus pu être discuté et voté.
Dans le premier chapitre du schéma primitif (Mansi 51:539), qui aurait dû être élaboré dans la deuxième constitution définitive, nous lisons d'emblée, citons à titre d'exemple, ceci :
Unigenitus Dei Filius, qui illuminat omnem hominem venientem in hunc mundum, quique nulla unquam aetate miseris Adae filiis ope sua defuit, in ea plenitudine temporis, quae sempiterno consilio fuerat praestituta, in similitudinem hominum factus visibilis apparuit in assumpta nostri corporis forma, ut terreni homines atque carnales novum hominem induentes, qui secundum Deum creatus est in iustitia et sanctitate veritatis, corpus efformarent mysticum, cuius ipse existeret caput. Ad hanc vero mystici corporis unionem efficiendam, Christus Dominus sacrum regenerationis et renovationis instituit lavacrum, quo filii hominum tot nominibus inter se divisi, maxime vero peccatis dilapsi, ab omni culparum sorde mundati membra essent ad invicem, suoque divino capiti fide, spe, et caritate coniuncti, uno eius spiritu omnes vivificarentur, ac caelestium gratiarum et charismatum dona cumulate reciperent. Atque haec est, quae, ut fidelium mentibus obiiciatur alteque defixa haereat, satis nunquam commendari potest, praecellens ecclesiae species, cuius caput est Christus, ex quo totum corpus compactum, et connexum per omnem iuncturam subministrationis, secundum operationem in mensuram uniuscuiusque membri, augmentum corporis facit in aedificationem sui in caritate.
On voit que les latinistes de service du Concile n'avaient pas encore poli certaines tournures un peu raides, mais le message est là.
ICIetc.