Mais visiblement le vertige antilatin autorise tout.
... que l'appel aux Pères (grecs ou latins ou orientaux), tel que l'on le trouve chez les adeptes de la nouvelle théologie, est souvent fallacieux, destiné à entretenir un certain flou dogmatique, abhorrant toute clarté des termes et des concepts.
Car on peut trouver tout et son contraire chez les Pères, même orthodoxes (car il y en a d'autres), si l'on cherche un peu, et fait abstraction des contextes.
Les écrits des Pères sont souvent circonstantiels, et ne répondent que rarement de façon globale et complète à une question donnée, ou bien sont-ils polémiques, privilégiant certains aspects sous attaque, et en négligeant d'autres (sans les nier pour autant).
Par ailleurs, rappelons-le quand-même, le catholique reçoit la Tradition (dont les Pères)
de la main de l'Église, comme il reçoit les Écritures de sa main.
C'est le Magistère de l'Église qui a défini le canon des Écritures qui sont la parole de Dieu, c'est aussi le Magistère de l'Église qui circonscrit le poids que peut avoir un écrit patristique dans la Tradition et l'usage à en faire.
Il n'existe pas d'autonomie absolue du sujet dans ce domaine.
S'il y a donc une discrépance (vraie ou imaginée) entre un père de l'Église et une décision du Magistère (forcément postérieure), le Magistère prévaut, comme la lumière du soleil sur celle de la lune.
C'est ainsi que le pape Clément XI définit en 1713 contre les Jansénistes et les adeptes de Port-Royal, concernant l'abus des écrits de Saint Augustin
omnem Augustini auctoritatem pendere a concedente et interpretante Ecclesiae magisterio, sicut lux lunae a sole.
Toute autorité d'Augustin dépend du magistère de l'Église qui la concède et l'interprète; comme la lumière de la lune dépend du soleil.
Et ce qui vaut pour ce père de l'Église, vaut aussi pour les autres.