1- Le titre de Sandro Magister n'est pas trompeur puisque ce dont il est question n'est pas la bénédiction d'une personne homosexuelle, mais bien la bénédiction de deux personnes du même sexe, qui forment un couple, mais dont on tente de légitimer la pratique en lui donnant un mode d'emploie qui a l'apparence de respecter la doctrine de l'Église en la matière.
Il y a aussi un passage important de Mgr Bordeyne que Sandro Magister ne cite pas:
''Toutefois, l’impossibilité de bénir l’union civile comme telle ne veut pas dire que l’on méconnaisse le désir de croître en sainteté chez deux personnes engagées l’une envers l’autre. La complexité du processus de discernement singulier, toujours éminemment personnel, qui conduit à un choix s’écartant de la loi générale, incite à faire porter la bénédiction sur les personnes qui, chacune selon son propre discernement, ont posé le choix de l’union civile. Le signe ecclésial de la bénédiction, accompli par un ministre de l’Église, serait dès lors accordé à deux personnes qui, ayant chacune formé un jugement de conscience tenant compte de ses limites, sollicitent l’aide de l’Église pour grandir dans la disponibilité à la grâce.''
Qu'est-ce que c'est sinon
le premier pas vers une bénédiction de leur union? Il s'agit tout simplement de faire ''sauter le premier verrou'' pour pouvoir ensuite aller plus loin, graduellement, par étapes.
Et ce premier pas est lui-même une nouveauté. Mgr Bordeyne le reconnaît lorsqu'il dit: ''(...)
dans le cas où une prière de bénédiction serait envisagée...'', ce qui signifie qu'une telle bénédiction n'existe pas encore. De plus, à la fin de cette citation, il renvoie en note de bas de page à ceci: ''
Une déclaration orale du cardinal Jozef De Kesel en mai 2018 semble ne pas l’exclure, même si son porte-parole a ensuite précisé que le cardinal pensait à ''une célébration de remerciement, de prière.''
Évidemment, Mgr Bordeyne va aussi faire de très belles citations dans son article. Il faut bien que tout cela ait l'air catholique, sinon ça ne passerait pas. Mais une fois que le principe sera accepté, tôt ou tard, on dira: ''Il ne convenait pas de dire deux fois la même prière pour deux personnes présentes. D'autant plus que l'un des principes de la réforme liturgique fut la suppression des doublons. D'un point de vue pastoral, il convenait mieux de réciter une seule fois la même prière pour les deux personnes qui étaient présentes.'' Puis, on dira par la suite: ''La prière proposée était originellement écrite pour des personnes âgées. Or, nous avons affaire à des gens jeunes et en santé. Il convenait donc, d'un point de vue pastoral, de modifier les termes de ladite prière afin de mieux refléter la réalité de ces personnes.'' Et un peu plus tard on dira: ''Ces gens venaient à nous dans l'espoir d'être soutenus dans leur union et leur vie de famille. Or, pas un seul mot à ce sujet n'était dit dans la prière de bénédiction. Il convenait donc, d'un point de vue pastoral, de changer ladite prière afin qu'elle puisse tenir compte des éléments de bonté et de vérité qui se trouvent au sein de leur union et de leur famille.'' Et ainsi de suite jusqu'à ce qu'ils en arrivent à la bénédiction des unions homosexuelles proprement dites.
2- Quant à la proposition de ''réutiliser des bénédictions déjà existantes'', cela ne signifie pas pour autant que nous sommes devant le même sacramental. Les circonstances dans lesquelles un sacramental est accomplit peuvent changer la nature de ce dernier. Et effectivement, faire une prière pour une personne âgée n'est pas la même chose que de bénir deux personnes, même séparément, qui se sont engagées dans la voie de l'union civile homosexuelle. Il peut s'agir de la même prière, mais on ne peut pas dire qu'il s'agit du même sacramental.
Cordialement.