Ce n'est pas Trente en lui-même... par Signo 2019-01-15 18:09:43 |
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... si l'on entend par là les textes proclamés à l'occasion de ce Concile qui pose problème, mais plutôt tout le contexte mental d'une époque auquel Trente participe, contexte qui débouche sur la Contre-Réforme qui est un mélange de réaffirmation positive/réaction/ adaptation, cette dernière supposant l'intégration dans la vie de l'Eglise de certaines caractéristiques de l'humanisme. Et ceci pour la simple et bonne raison que l'Eglise ne peut pas vivre coupée du monde qu'elle a pour mission d'évangéliser: elle subit donc nécessairement son influence, même de manière inconsciente et involontaire.
Avec le Concile Vatican II, c'est exactement la même chose, mais dans des proportions certes un peu plus importantes, ce qui est logique.
Contrairement au discours dominant dans la FSSPX (discours qui généralement reste à la surface des choses) et plus généralement dans le milieu traditionaliste, la constitution de Vatican II sur la liturgie est parfaitement traditionnelle (elle reprend d'ailleurs en grande partie les enseignements de S. Pie X et de Pie XII) et en tout cas ne porte pas la moindre trace de protestantisme, comme je l'avais démontré ici sans que personne ne puisse sérieusement me contredire. Donc Vatican II est en apparence un concile très différent de Trente (pas de condamnations doctrinales ni d'anathèmes, volonté de concessions avec le monde plus affirmée) mais en réalité il poursuit exactement la même logique: on réaffirme l'essentiel dans le texte, mais en même temps on fait des concessions limitées à l'esprit du temps.
Par exemple, le style baroque issu de la Contre-Réforme est absolument splendide, mais en réalité il trahit l'esprit traditionnel de deux manières:
-il se fonde tout entier sur la réaction au protestantisme en opposant l'exubérance à l'austérité protestante (certes, il y a derrière le decorum baroque toute une théologie optimiste de la transfiguration de la matière qui est très belle et qui s'oppose justement au pessimisme protestant, mais tout de même); Or "réagir à", c'est toujours, d'une certaine manière, "imiter par opposition" ce contre quoi on prétend réagir.
- il rompt avec le sens du symbolisme sacré médiéval (exprimé par le sanctuaire roman orienté) pour le remplacer par l'allégorie qui est une dégénérescence du symbole.
Les styles classique et baroque apparaissent aujourd'hui comme dépassés et démodés, justement parce qu'ils n'ont représenté qu'une mode, une réponse déterminée à un contexte bien précis. L'art roman (et d'une certaine manière le gothique aussi) est comme le chant grégorien: un art indémodable et indépassable, parce qu'il se fonde sur l'intemporalité sacrée. Les hommes du XIXe siècle l'avaient bien compris, eux qui s'adonnaient au néo roman ou au néo gothique (assez peu souvent réussi d'ailleurs), recherchant ainsi "quelque chose" qu'ils sentaient confusément avoir perdu.
Dernier point:
Pourquoi ? Parce que vous considérez toujours tout au travers du prisme de la liturgie. La doctrine chrétienne, catholique, notamment par rapport aux erreurs du protestantisme, semble en tant que telle, quelque peu vous échapper, d'où cette assimilation de Vatican II à Trente ou de Trente à Vatican II.
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