D'accord avec Justin sur la critique du "parler" ou "lu" moderne contre le "chanté" traditionnel. Je fais partie de ceux qui considère qu'une liturgie doit être de préférence chantée, comme c'était le cas de la liturgie romaine durant le premier millénaire et comme c'est toujours le cas aujourd'hui dans les liturgies orientales. C'est d'ailleurs le sens de la réforme liturgique qui a promu le canon à haute voix, ce que peu comprennent.
Je serai moins affirmatif au sujet du latin.
Certes il faut maintenir une langue sacrée, c'est incontestable et d'ailleurs le Concile le rappelle. Certes, la pastorale n'est que secondaire par rapport au cultuel. Là je suis d'accord.
Mais cela ne signifie pas que la célébration doit être entièrement et exclusivement en latin, en particulier pour le binôme Epître+Evangile.
D'abord parce que le fait d'avoir en permanence le nez dans les missels n'est pas en soi une attitude ni très naturelle ni très traditionnelle. Les fidèles orientaux n'utilisent pas ou peu de missels.
Ensuite parce que ce n'est pas parce que le cultuel prime sur le pastoral que toute dimension pastorale doit être ôtée de la liturgie. Il faut un équilibre entre les deux avec un primat donné au premier, mais sans exclure le second. Aujourd'hui dans la plupart des messes NOM il y a un écrasement du cultuel par le pastoral qui est catastrophique mais il ne faut pas non plus tomber dans l'autre dérive qui consiste à transformer la messe en une sorte de rituel ésotérique réservé à quelques initiés amateurs de langues anciennes.
Ensuite, pour ce qui est de Dom Guéranger, ses arguments sont excellents (voire prophétiques sur certains points), mais il est excessif dans sa défense de l'exclusivité du latin, ce qui est logique étant donné le contexte mental qui est le sien: l'ultramontanisme de réaction du XIXe siècle, dans lequel le latin apparaît comme l'un des bastions (avec le renforcement de la papauté, parfois jusqu'à la papolâtrie) que le catholicisme contre-révolutionnaire érige pour se protéger des erreurs du monde moderne triomphant.
Les positions de Dom Guéranger ne doivent donc pas être absolutisées sur certains points et doivent être replacées dans leur contexte.
Rappelons que Mgr Lefebvre lui-même souhaitait à la veille du Concile qu'une plus grande place soit donnée au vernaculaire durant la messe, notamment pour les lectures de l'Ecriture sainte, même s'il insiste pour conserver le latin (ce qui rejoint exactement la position adoptée dans Sacrosanctum Concilium!)
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