...mais à condition d’oublier la moitié de la position défendue de tout temps par la Sainte Église. Oui, le régime politique idéal est bien celui qui se soumet autant que possible à la loi divine (et, partant, catholique). Mais les papes, Pie IX compris, n’ont jamais préconisé la mise en place d’un tel régime que dans la mesure où ils pensaient que les circonstances pouvaient s’y prêter. Leur but a toujours été de faciliter les conversions, pas d’organiser des déportations massives comme en U.R.S.S. !
C’est si bien résumé par Pie XII dans son discours aux juristes italiens (6 décembre 1953) qu’on se demande comment un universitaire peut arriver à ne pas le comprendre :
“Par là se trouvent éclairés deux principes dont il faut tirer dans les cas concrets la réponse à la très grave question touchant l’attitude que le juriste, l’homme politique et l’Etat souverain catholique doivent prendre à l’égard d’une formule de tolérance religieuse et morale comme celle indiquée ci-dessus, en ce qui concerne la Communauté des Etats.
Premièrement : ce qui ne répond pas à la vérité et à la loi morale n’a objectivement aucun droit à l’existence, ni à la propagande, ni à l’action.
Deuxièmement : le fait de ne pas l’empêcher par le moyen de lois d’Etat et de dispositions coercitives peut néanmoins se justifier dans l’intérêt d’un bien supérieur et plus vaste.”
Obnubilé par le premier principe – que
Dignitatis Humanæ contredit de plein fouet, quoi qu’en puisse penser l’abbé Lucien... après son virage à 180° sur ce point – vous oubliez complètement le deuxième, qui peut seul expliquer comment un même pape, saint Grégoire, pouvait, sans contradiction aucune, à la fois accorder aux juifs de pratiquer librement leur culte dans ses États, et encourager saint Augustin de Cantorbery à détruire les statues des idoles en Angleterre – en quoi le grand pape ne faisait d’ailleurs que suivre l’exemple de saint Benoit lui-même – et à transformer les lieux de culte païens pour en faire des églises catholiques. Et pourtant, il y avait certainement à cette époque beaucoup moins de juifs dans les États pontificaux que de païens en Angleterre.
Faute de comprendre ces deux principes (que les chefs temporels catholiques n’ont pas toujours observé eux-mêmes, mais c’est une toute autre affaire), non seulement vous caricaturez mais vous mettez implicitement en posture de demeurés une quantité impressionnante de saints, et en particulier de saints papes, à qui nous devons pour une large part la conversion de l’Europe au catholicisme. J’ai déjà commis bien des bêtises dans ma vie, mais jusqu’ici, grâce à Dieu, je ne me suis jamais pris pour un meilleur chrétien que saint Benoit !
V.
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