Encore une fois, il est dommage que vous ne vouliez pas réagir au lien que je vous ai proposé (Abbé Barthe).
Il ne faut pas confondre autorité magistérielle et infaillibilité.
Le fait que DH affirme que la doctrine de la liberté religieuse -qui doit être distinguée de la liberté de conscience et des cultes de Pie IX- "a ses racines dans la révélation", ne signifie pas que cette doctrine se présente comme devant être admise par toute l'Eglise ou encore comme étant divinement révélées, car cette affirmation ne porte pas sur la formulation même de la doctrine dont il s'agit.
Or, le canon 749 § 3 précise "Aucune doctrine n'est considérée comme infailliblement définie que si cela est manifestement établi".
Ainsi, la liberté religieuse de DH ne relève visiblement pas du magistère extraordinaire infaillible.
Plusieurs prises de position confirment cette lecture.
Je vous cite l'article auquel je vous renvoyais:
"Paul VI expliqua que cela n’était jamais arrivé. Le Concile terminé, il revint en effet deux fois sur la question. Une première fois, dans le discours de clôture du 7 décembre 1965 : « Le magistère, bien qu’il n’ait pas voulu définir aucun chapitre doctrinal au moyen de sentences dogmatiques extraordinaires, a cependant proposé sa doctrine avec autorité au sujet de nombreuses questions, à laquelle les hommes sont tenus de conformer aujourd'hui leur conscience et leur action ». Une seconde fois, dans un discours du 12 janvier 1966 : « Certains se demandent quelle est l’autorité, la qualification théologique qu’a voulu donner à son enseignement un Concile qui a évité de promulguer des définitions dogmatiques solennelles engageant l’infaillibilité du magistère ecclésiastique. […] Etant donné le caractère pastoral du Concile, il a évité de prononcer des dogmes comportant la note d’infaillibilité, mais il a muni ses enseignements de l’autorité du magistère suprême ; ce magistère ordinaire et manifestement authentique doit être accueilli docilement et sincèrement par tous les fidèles selon l’esprit du Concile concernant la nature et les buts de chaque document ».
(...)
Joseph Ratzinger commentait dans un complément à l’ouvrage de référence classique en Allemagne, le Lexicon für Theologie und Kirche : « Le Concile n’a créé aucun nouveau dogme sur aucun des points abordés. […] Mais les textes incluent, chacun selon leur genre littéraire, une proposition ferme pour la conscience du catholique ».".
Enfin, le fait que Paul IV la décrète "dans le Saint-Esprit" ne fait pas relever DH du magistère ordinaire universel infaillible, comme vous l'affirmez, lequel est de toutes les façons très discuté. Ce sont deux choses différentes.
Le magistère ordinaire universelle infaillible renvoie à l'enseignement universel de l'Eglise. Comme le précise Dei Filius (Vatican I): "Il faut croire de foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la parole divine écrite ou transmise, et qui est proposé par l’Église comme divinement révélé, soit par un jugement solennel, soit dans son magistère ordinaire universel".
Or, compte tenu des utiles précisions de Paul VI lui-même et du Cardinal Ratzinger, il est difficile de croire que DH était, aux yeux des Pères conciliaires, un concile proposant un enseignement de l'Eglise "divinement révélé", ce qui aurait permis de faire relever DH du magistère ordinaire infaillible à défaut de pouvoir le faire relever du magistère extraordinaire infaillible (eu égard à l'absence d'énonciation formelle d'une obligation de croire). Le fait que la doctrine de la liberté religieuse soit présentée dans DH comme "ayant ses racines dans la révélation" ne me semble nullement suffisant à cet égard, comme je l'ai déjà souligné.
De plus, la liberté religieuse n'est pas, même à l'heure actuelle, enseignée comme étant "divinement révélée" par l'Eglise. Il n'est venu à l'esprit de personne en cette période de relativisme, y compris théologique, de se placer sur cet terrain.
On ne peut donc pas dire, il me semble, que la liberté religieuse serait "candidate" à l'infaillibilité au titre du magistère ordinaire universel.
Donc, à tous égards, la doctrine de liberté religieuse dans DH n'est pas irréformable. Elle peut -et doit- être précisée, affinée, voire corrigée. Simplement, on ne peut pas négliger ou rejeter par principe cet enseignement.
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