Je pense que c’est lié au fait que le catholicisme de cet époque était déjà profondément anémié, appauvri sur le plan spirituel, vicié sur le plan intellectuel et donc pauvre sur le plan culturel. Cela du fait des évolutions ayant eu lieu depuis la fin du Moyen Âge mais aussi du fait de la Révolution qui a détruit dans la vie ecclésiale beaucoup plus de choses qu’on ne le pense.
En fait, vous n'en savez rien. Vous avez raison sur un point, qui me paraît indiscutable, à savoir l'ampleur des destructions révolutionnaires, qui ont entraîné, en matière liturgique, la disparition des cathédrales, des collégiales et des maîtrises qui y étaient associées, et, en matière intellectuelle, la fin des anciennes facultés de théologie et de droit canon. Plus généralement, la table rase révolutionnaire et concordataire a anéanti dans l'Église de France les corps intermédiaires et favorisé l'absolutisme épiscopal aux dépens de la masse des desservants amovibles. Il est intéressant toutefois de noter que ce qui a malgré tout permis à l'Église de rester elle-même en dépit d'une si profonde césure, c'est précisément l'ecclésiologie tridentine.
Pour le reste, parler de l'anémie spirituelle d'un catholicisme du XIXe siècle qui a relevé tant bien que mal l'Église après le désastre révolutionnaire, produit les missionnaires qui ont, souvent au péril de leur vie, porté l'Évangile aux extrémités de la terre, produit encore un curé d'Ars ou une Thérèse de l'Enfant-Jésus, c'est une grave injustice et même une absurdité.
Le XIXe siècle chrétien a eu ses limites intellectuelles, c'est incontestable. Mais même sur ce point il y aurait bien des nuances à apporter. Chez un Frayssinous, un Gerbet, un Rozaven, un Hugonin, un Gratry, pour prendre des auteurs de tendances diverses, il se trouve bien des choses valables et des intuitions intéressantes. Et surtout, si une chose a manqué à bien des écrivains ecclésiastiques de l'époque, c'est bien la culture scolastique, en piteux état après la Révolution.
Peregrinus