… ma cible n’est pas le Concile de Trente en lui-même, qui est finalement un concile assez classique et traditionnel, ajusté aux enjeux de son temps, mais plutôt un ensemble d’évolutions dont les racines remontent déjà à la Réforme grégorienne, avec des durcissements progressifs avec la Contre-Réforme, l’ultramontanisme du XIXe siècle, la répression anti-moderniste, enfin la papamania post Vatican II exacerbée par l’accroissement du phénomène médiatique...
Une idée bonne et vraie a la base, peu à peu durcie, radicalisée, absolutisée, séparée du corps entier de la doctrine, peut aboutir sur le temps très long (plusieurs siècles) à des déséquilibres plus ou moins graves, entraînant des transformations profondes du corps ecclésial (imperceptibles pour les contemporains de chaque époque, mais visibles avec le recul de la science historique contemporaine) qui l’éloignent du modèle théologique et ecclésiologique initial. A un certain moment l’éloignement est tel qu’une forme d’amnésie frappe le corps ecclésial tout entier: une aberration comme la réforme de 1969 est incompréhensible sans un certain rubricisme focalisant l’attention sur la stricte notion de validité sacramentelle plutôt que sur la richesse symbolique du rituel dans son ensemble; sans le juridisme qui en vient à sacrifier le réel sur l’autel de normes abstraites, alors que normalement le droit est au service de la vie et n’a pas vocation à se substituer à elle; sans la papolâtrie qui donne au pape un pouvoir absolu sur la vie de l’Eglise (le « vice Dieu » comme on l’appelait déjà au XVIIe-XVIIIe siècles), y compris celui d’abolir une tradition liturgique vénérable pour la remplacer par une liturgie artificielle, etc.
C’est aussi une certaine ecclésiologie de pouvoir, qui apparaît progressivement avec la Réforme grégorienne, et qui culmine dans la seconde moitié du XIXe: n’en est on pas venu à définir dans les manuels de théologie du début du XXe siècle le fait d’être catholique comme étant essentiellement le fait d’être soumis au Pontife Romain? Quand on en est là, quand la confession de la foi catholique orthodoxe, l’attachement à la Parole de Dieu contenue dans l’Ecriture et Tradition en est venue à passer au second plan à ce point, il ne faut guère s’étonner si la masse des catholiques en viennent à accepter sans broncher, dans la phase d’après, n’importe quelle ineptie pontificale, simplement parce qu’elle a été proférée par le pape!
Si j’insiste sur ces éléments sur ce forum, ce n’est certainement pas pour diaboliser le concile de Trente, ni même d’ailleurs la Contre Réforme (qui a des mérites indéniables), ni non plus pour verser dans une « lubie anti-romaine », mais pour simplement rappeler que Vatican II n’est certainement pas l’origine ni la cause de nos problèmes, et qu’un simple retour au statu quo ante, en admettant que cela fut possible, ne règlerait strictement rien!
C’est également pour attirer l’attention sur le fait qu’il est contradictoire de vouloir défendre le droit à l’usage de la liturgie traditionnelle tout en se réclamant d’une ecclésiologie boiteuse (et moderne!) qui a rendu possible sa disparition…
C’est enfin pour inviter à davantage s’abreuver aux sources bibliques et scripturaires de la foi, l’époque patristique étant, -mais est-ce nécessaire de le rappeler?- le « bain » théologique et spirituel dans lequel est née notre liturgie romaine traditionnelle… qui n’est donc pas « tridentine », quoi qu’en disent certains, à droite comme à gauche!
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