Confusion générale sur le diaconat féminin par Signo 2024-10-29 19:41:50 |
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Ce sujet est évidemment miné et l’on oublie certaines distinctions:
- d’abord, ordonner sacramentellement des femmes au diaconat ne réglera pas le problème de subordination des femmes puisqu’un diacre s’inscrit dans un ordre clérical hiérarchisé et qu’à ce titre il est nécessairement subordonné à l’évêque. Donc si on suit l’absurde logique féministe jusqu’au bout, il va nécessairement falloir ensuite ouvrir l’épiscopat (et par ricochet le sacerdoce) aux femmes. Il est tout de même étrange que personne ne s’aperçoive que cet aboutissement logique va alors devenir inévitable…
- on confond (probablement volontairement) les femmes-diacres, qui n’est qu’une lubie moderne qui n’a jamais existé nulle part, avec l’ordre des diaconesses, qui effectivement a existé dans l’Eglise antique, mais qui est tout autre chose: ces diaconesses avaient pour fonction, non d’assister l’évêque ou le prêtre à l’autel, mais d’assister l’évêque lors des baptêmes de femmes adultes, pour des raisons de pudeur, notamment en procédant à sa place aux onctions sur le corps de la catéchumène. Ces diaconesses recevaient sans doute une « ordination », mais ce terme avait dans l’Eglise antique une définition large, la notion « d’ordination » au sens canonique que l’on connaît aujourd’hui étant plus tardive (médiévale). Vouloir ordonner des femmes au diaconat tel que compris actuellement (comme premier degré du sacrement de l’Ordre) sous prétexte que des diaconesses ont existé dans l’Eglise antique relève donc d’un anachronisme instrumentalisé à des fins idéologiques.
- cette confusion illustre une fois de plus à quel point le saccage puis l’effondrement de la vie liturgique traditionnelle a provoqué un déracinement généralisé avec la longue tradition ecclésiale, une amnésie presque totale et un effondrement de la culture ecclésiastique entraînant une disparition des repères traditionnels. Car il y avait dans la tradition de l’Eglise de quoi répondre de manière satisfaisante à la problématique de la visibilité de la femme.
Ainsi l’Ordre des Vierges consacrées (qui avait disparu au Moyen-Age, dont Dom Guéranger avait rétablit le rituel pour les moniales, avant qu’il ne soit heureusement rétabli avec Vatican II) était assimilé à l’ordre des diacres, comme le prouve le fait que le rite de consécration prenait place dans la liturgie de la Messe entre le graduel et l’alleluia (voir ici).
On aurait donc pu recréer un ordre des diaconesses, sur la base des Vierges consacrées diocésaines, avec certaines attributions bien précises: conseiller l’évêque, participer au chant de l’office à la cathédrale, s’occuper de la pastorale des femmes et des familles… avec bien évidemment port du voile de consécration et rituel d’ordination bien distinct (non sacramentel) de celui des diacres appelés au service de l’autel.
Mais le modèle a perdu de sa cohérence du fait que les femmes peuvent désormais être acolytes, donc servir à l’autel… décision contraire à la tradition, qui lézarde tout l’édifice et la logique interne des ministères, car si des femmes peuvent être acolytes et donc servir à l’autel, au nom de quoi allons nous empêcher les futures femmes-diacres de remplir les fonctions diaconales à l’autel, en étole et dalmatique ?
Il en est de même de l’aberrante question des « femmes cardinales ». Qu’est ce qu’un cardinal sinon un chanoine de l’Eglise de Rome? On a argué du fait que certains cardinaux dans le passé n’étaient même pas diacres. Mais on oublie qu’ils avaient au moins reçu la cléricature et au moins l’un des ordres mineurs; ce n’était donc pas de simples laïcs mais des clercs astreints au célibat, à l’office, etc.
L’aberrante question du cardinalat pour les femmes est rendue possible par le système médiéval tardif et tridentin, avec son ecclésiologie de pouvoir qui entraîne une mutation de la notion de cardinalat: ce n’est plus un clerc de l’Eglise de Rome sensé conseiller le pape, mais cela devient une distinction honorifique destinée aux grands prélats des diocèses de toute l’Eglise universelle. Dès lors que le cardinalat a été vidé de son sens originel, pour être réduit à une distinction honorifique de personnages prestigieux, nécessairement avec l’apparition du féminisme on ne voit pas pourquoi il ne faudrait distinguer et honorer que des hommes et pas des femmes. Une fois de plus, on voit par quels mécanismes le catholicisme moderne, c’est à dire ce système de pouvoir artificiel et vide de sens théologique qui apparaît progressivement à partir de la fin du Moyen-Age et de la Contre Réforme, met en place un système de pouvoir qui engendre par réaction le progressisme le plus délirant.
On avait déjà eu un exemple spectaculaire de ce mécanisme lorsque Anne Soupa s’était porté candidate à l’archevêché de Lyon, non pour y être ordonné évêque, mais pour exercer uniquement la charge de gouvernement. Seuls quelques esprit malicieux s’étaient aperçus que ce faisant, elle se rattachait à l’ecclésiologie la plus parfaitement tridentine et « Contre Réforme » qui distinguait voire séparait la charge pastorale de la juridiction… et que c’était l’ecclésiologie de Vatican II, qui en réunissant les trois fonctions (enseignement, sanctification, gouvernement) dans l’épiscopat, rendait impossible l’invraisemblable revendication…
Alors qu’avec un peu d’intelligence, de souci de rester fidèle à la tradition et de culture ecclésiale, on aurait pu créer à Rome une communauté de chanoinesses régulières (modèle Azillé) avec pour fonction de conseiller le pape et pourquoi pas participer au gouvernement de l’Eglise dans certains domaines…
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