C'est le prix du formatage spirituel bordé par tous les anathèmes rassurants.
Chaque semaine j'entends un zozo à la télévision ou à la radio dire que la lecture du Voyage de Céline a bouleversé sa vie, que ce lui fut un choc ! Eh ben.
Désolé, le choc, pour moi, fut la lecture de la conclusion des Mémoires d'outre-Tombe en seconde grâce à un mon prof socialiste et athée.
La littérature est question de goût, d'âge, de références personnelles : pas de listes à prohiber et d'anathèmes.
Je (Il) préfère Bloy à Proust, Wilde (traduit) et Genevoix à Céline.
Je (Il) ne suis (n'est) pas certain que si Céline ne sentait pas le fagot avec ses pamphlets antisémites, il serait aussi apprécié en certains milieux. S'il avait été MRP, vous ne le liriez pas... Comme Morand ne serait pas lu.
Je n'ai jamais eu envie de tuer des enfants, même d'une autre religion que la mienne.
Proust n'a pas réglé son oedipe et nous bassine de longues, longues pages... Et puis les homosexuels qui ne s'assument pas ou qui en font un sujet sans en faire un sujet... J'aime pourtant beaucoup Mauriac. Les asthmatiques sont fatigants en général. Je leur préfère les bègues, même si rarissimes sont les femmes bègues.
Les Provinciales sont pour ceux qui étudient la théologie de ce temps, pas pour ceux qui lisent littérature. C'est même imbuvable. Sarkozy dit qu'il lit Pascal, car son Dominicain a dû lui dire que cela ferait bien.
Si vous prenez votre pied littéraire à lire Descartes et Spinoza, je respecte...
Quel snobisme à dire que Pascal est un livre de chevet ! Juste à côté du cardinal Pie.
Quand je me récite les anathèmes de Trente en latin, c'est aussi le nirvana. La chute de chaque anathème crée un rythme qui me transforme en derviche tourneur, me fouettant jusqu'au sang comme un chiite une fois l'an.
Je ne dis pas que je n'apprécierai pas plus tard vos gratte-papier. Il faut bien faire des choix, le hasard et les conseils y font pour beaucoup.
Je dois aussi à un prof du public d'avoir lu et relu Paul Hazard et sa crise de la conscience européenne. J'ai rarement lu un livre aussi brillant et magnifiquement écrit, même s'il a forcément vieilli sur le fond. Voyez ce qu'on lisait en première littéraire dans le public dans ma jeunesse, du moins les bons élèves sur le conseil du professeur. Impensable de nos jours sauf à St-Jean de Passy et Henri IV.
On m'a loué le journal de Léautaud. C'est cher et c'est écrit à l'avenant. Et rarement drôle, tout aussi crasseux que Céline dans sa vie privée (sa maîtresse déniaisée très jeune par l'organiste catholique de la cathédrale de Langres...).
On loue beaucoup Houellebecq. J'ai presque tout lu. Bof, et ses pratiques sexuelles sont redondantes. Soumission est bien vu, mais le style...
Cioran et Murray sont mieux inspirés. Ou le Thomas de Paupert.
Je ne connais que trop les personnes, en milieu bourgeois, aristocrate ou professoral, qui font mine de citer des auteurs obligés dont ils ont lu quelques pages ou deux volumes, en même temps qu'elles faisaient des mots croisés ou donnaient des ordres à leur femme de ménage.
Il y a aussi les mythomanes qui prétendent apprécier la beauté de la poésie grecque ou latine dans le texte. Cela n'est permis qu'à très peu de personnes, même parmi les latinistes émérites.
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J'étais à Cabourg cet été, je suis passé devant la fameuse maison pour m'unir par la pensée à quelques amis qui adorent, pour leur signifier que j'allais prendre une glace sur la plage. Le nombre de vieilles dames à chiens au mètre carré peinait à me faire aimer le lieu. Illiers m'est très bien connu, pour des raisons que mes amis savent, mais je préfère Talcy ou Valençay.
Vos abbés auraient dû vous dire que Proust a deux handicaps aux yeux du catéchisme : mère juive, mauvaise sexualité.
Vous avez dû lire ses lettres à Maurras.
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