Vous pointez du doigt une grave dérive en matière d’ecclésiologie par Ennemond 2013-09-21 14:42:15 |
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Si vous affirmez qu’il y a deux Églises distinctes et séparées : l’une catholique, l’autre conciliaire, que l’une a été fondée par le Christ, ayant pour pasteur les papes jusqu’au Concile, que l’autre est une invention née du Concile, se pose alors la grave conclusion : le pape actuel ne serait que le chef de la seconde Église, que certains qualifient de « secte conciliaire » dont le souverain pontife serait alors le gourou... Et l’Église catholique dans tout cela ? Son pasteur légitime ne serait donc plus le pape ? On est non seulement dans le sédévacantisme mais en affirmant que l’Église n’a plus de tête, plus de réalité, ou une réalité plus ou moins diffuse, on est presque dans « l’ecclesiovacantisme ».
Telle n’était pas la pensée de Mgr Lefebvre. Sinon, pourquoi aurait-il continué à discuter avec les papes, pourquoi aurait-il entrepris, jusqu’à ce que sa santé ne l’empêche, des pourparlers avec les gens de la Curie, s’il ne s’agissait là que des cadres d’une structure qui n’avait rien à voir avec l’Église catholique ? Pourquoi a-t-il répété, comme au moment des ordinations de 1982, que nous ne devions « jamais abandonner le successeur de Pierre, parce que c'est par lui que nous sommes rattachés à Notre Seigneur Jésus-Christ, à l’évêque de Rome, successeur de Pierre » ?
Le terme « d’Église conciliaire » chez Mgr Lefebvre ne fait que caractériser un état passager de l’Église catholique. Il prend soin de montrer qu’il y a dans l’Église cet aspect conciliaire qui est comme un corps étranger. De même, quand il parle du pape, il montre bien en premier lieu que nous le reconnaissons et nous nous soumettons à lui, même si nous sommes contraints de nous abstenir de le suivre lorsqu’il entraîne les âmes vers des sentiers qui s'écartent de la ligne traditionnelle de l'Eglise. L’abbé Gleize, dans des récents articles a bien montré que cette expression « Eglise conciliaire » n’a pas une réalité structurelle mais qu’elle caractérise de manière analogique la « double idée de l’invasion des idées libérales et modernistes à l’intérieur de l’Eglise, et de l’indéfectibilité de principe de cette même Eglise. » Affirmer que c’est une réalité structurelle, distincte de l’Église catholique provient d’une simplification et même d’une falsification de la pensée du fondateur de la FSSPX. Les conséquences sont assez graves. Il faudrait alors se prémunir des tenants de ces thèses ambigues quand elles ne sont pas hétérodoxes. Il y a plus de dix ans (février 2001), le supérieur du district d’Italie de l’époque, l’abbé Michel Simoulin, mettait en garde contre ce danger qui semblait poindre le bout de son nez dans nos milieux :
Nous ne pouvons donc pas concevoir deux entités parfaitement distinctes, bien individuées et identifiables, mais plutôt un être moral unique, le seul réel, l’Église catholique, mais empoisonné aujourd’hui par un esprit étranger et ennemi qui tend à le corrompre et à le détruire.
De fait ni la Rome moderniste, ni l’Église conciliaire n’ont un être distinct et séparé de celui de la Rome éternelle et de l’Église catholique. Elles ne peuvent en avoir, comme le mal ne peut exister qu’en empruntant son être au bien qu’il veut détruire, et qu’il ne peut détruire sans se détruire lui même.
Qu’est-ce en effet que l’Eglise conciliaire ? Rien d’autre que la défiguration de l’Église catholique par le Concile et ce qu’il y a d’étranger à l’esprit catholique dans l’esprit du concile. Sous ce que nous appelons l’Eglise conciliaire, demeure toujours l’Église catholique, notre mère, ensevelie, endormie et plus ou moins réduite au silence. […]
L’Église catholique est à Ecône, c’est vrai. Mais qui, sans tomber dans l’esprit de secte, osera dire qu’elle n’est qu’à Ecône ? Elle est aussi à Rome, elle est d’abord à Rome avec la Rome catholique et éternelle.
L’Église conciliaire est à Rome, c’est vrai. Mais elle est aussi partout dans le monde là où l’esprit du concile a pu pénétrer l’Église et la domine.
Mais on ne peut trouver l’Église conciliaire sans trouver, ensevelie sous elle, son support et sa victime tout à la fois, l’Église catholique.
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