Je pense qu'à partir du moment où les évêques sont retournés dans leurs diocèses après le Concile, c'est toute l'Eglise qui a été comme "aspirée vers le bas", dans le sens d'une course en avant ultra-progressiste. C'est ce qui explique le "décrochage" et finalement l'écart gigantesque entre ce qui s'est fait dans les diocèses et les enseignements du Concile.
En fait, c'est à ce moment là que tout le corset rigide mis en place par la papauté après le Concile de Trente pour conserver l'Eglise à l'écart des influences de la modernité envahissante (Index, rubricisme liturgique, surveillance par le Saint Office, autoritarisme papal...) a brusquement et littéralement volé en éclat.
Il y a quelques mois, lorsqu'on éclaté les différents scandales d'abus, certains sur ce forum disaient qu'il était inacceptable que des hauts prélats soient jugés par des juridictions civiles et que les clercs coupables de crimes ou de délits devraient être jugés en interne. Non seulement ce n'est pas juste doctrinalement à mon avis, mais en plus, c'est impossible, tout simplement parce que cela fait belle lurette que l'Eglise n'a plus AUCUN moyen coercitif: pas d'armée, pas de police, pas de prison, pas de système judiciaire indépendant et digne de ce nom. L'Eglise n'a donc absolument pas les moyens en interne de rendre une justice solide et équitable. Elle a un système juridique, le droit canon, mais elle n'a plus les moyens de le faire appliquer. Cela abouti à une situation tragique dans laquelle la corruption, le vice et le crime prospèrent dans les rangs du clergé sans que l'Autorité dispose des moyens adéquats pour y mettre un terme (en admettant qu'elle en ait la volonté, ce qui est plus que douteux sous le pontificat actuel).
En fait, je pense que l'Eglise d'aujourd'hui est devenue absolument ingouvernable. Le fait qu'elle s'étende sur tous les continents lui donne certes un grand poids, mais cela fragilise considérablement son unité.
C'est sans doute ce qui explique le manque de fermeté de Rome depuis cinquante ans face aux multiples déviances (les quelques condamnations doctrinales prononcées par la CDF ont quasi-systématiquement provoqué dans la presse mondiale des levées de bouclier générales, forçant même parfois Rome à faire machine arrière), et c'est sans doute aussi ce qui explique le silence (relatif certes) de Benoit XVI et la solidarité affichée avec le Pape François du cardinal Sarah.
Benoit XVI (qui a toute sa vie été hanté par l'obsession de l'unité de l'Eglise) et le cardinal Sarah savent que dans le contexte actuel, un schisme ouvert, franc et visible entre une Eglise minoritaire, orthodoxe et conservatrice et une Eglise majoritaire néo-libérale et néo-catholique serait pire que tout. L'unité actuelle de l'Eglise (qui n'est déjà plus qu'une unité de façade, tellement le fossé entre les catholiques de tendances opposées est profond) ne tient plus qu'à un fil.
Hélas, si François va au bout du programme ulktra-libéral des Martini-Kasper-Marx, s'il franchit clairement la ligne rouge de l'hérésie, le schisme deviendra inévitable.
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