Cher Monsieur,
Votre argumentation constitue une pure pétition de principe.
Autant votre désir de vous soumettre à la doctrine des papes est louable autant votre légèreté à y voir ce qui ne s'y trouve manifestement pas est condamnable.
Le péché d'hérésie purement interne prive de la foi. Qu'il exclue de l'Église ou non est contesté, car l'hérétique occulte continue ex hypothesi de professer de façon externe la foi catholique.
La controverse est celle-ci : "Est-ce que la perte de la foi vaut nécessairement exclusion ipso facto de l'Église?" Pie XII était très loin d'ignorer l'énoncé de cette controverse et il savait parfaitement qu'il ne pouvait pas la clore par une proposition parfaitement acceptée déjà de deux côtés.
Il est d'ailleurs notoire que Pie XII en tant que théologien privé tenait la théologie Bellarminienne et il serait étonnant qu'il condamne en tant que pape sa propre conviction.
Ajoutons que le Saint-Siège parle aussi part son silence et par son approbation. À tout moment, outre une foule d'écrivains en matière théologique méritant un modeste imprimatur, l'Église possède aussi une élite de théologiens de grande réputation, ayant reçu les marques les plus claires de sa faveur - on les appelle les auctores probati. Ils n’exercent pas le Magistère, mais collectivement ils en sont des témoins fiables. Or, de la perspective de l’Église universelle, l’équilibre du consensus théologique sur ce sujet n’a pas bougé un centimètre vers votre thèse ni en conséquence de Ineffabilis Deus, ni, et bien moins, en conséquence de Munificentissimus Deus. Au contraire la doctrine Bellarminienne était sous Pie XII solidement probabilior selon la mesure du nombre et du poids de ses défenseurs. Et jamais le moindre indice que le Saint-Siège regrettait cette situation ni avant ni après 1950.
On n’oubliera pas non plus que ce débat est inextricablement lié aux controverses concernant l’hypothèse célèbre du « pape hérétique » et de l’occupation d’un office ecclésiastique par un hérétique. (Plût à Dieu que le sujet fût moins brûlant de nos jours !) Or, concernant la possibilité qu’un hérétique occupe un office ecclésiastique, entre Ineffabilis et Munificentissimus il y a eu Satis cognitum qui affirme hautement qu’il est absurde de croire que celui qui est en dehors de l’Église puisse exercer l’autorité en elle. Et il y a eu le Code de 1917 (point n’est besoin de rappeler le rôle du cardinal Pacelli dans sa rédaction) qui distingue nettement entre la perte d’office par renoncement tacite en cas de défection publique de la foi (Canon 188§4) et la déposition et dégradation ferendae sententiae dans le cas de l'hérésie non publique. De même le canon 646 tient pour exclus ipso facto de leur ordre ou congrégation tout religieux ayant publiquement apostasié de la foi.)
Le fait est que l’Église est une société visible, ayant la possibilité de connaître qui sont ses membres et surtout qui sont ses officiers. Par la nature des choses aucun acte purement interne ne peut venir rompre le lien d’appartenance à cette société visible.
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