Tradi par ailleurs et manifestement conseillé par des prêtres tradis dans sa biblio.
Sociologie historique impeccable des changements dont vous parlez, du quotidien aux films en passant par la pratique religieuse, les chansons et les nouveaux curés. On reconnaît sa patte et c'est très pertinent.
Ce que vous dîtes n'est valable que pour un pays qui connaît les Trente Glorieuses et la démocratie, pas pour le Portugal ou la Pologne communiste...
Vous vous retrouvriez dans ce livre, vraiment.
Quand les collèges ont été mis en place, plus besoin de conduire les garçons de paysans au petit séminaire, qui servait de mise en condition pour bon nombre dans le grand séminaire...
Bémol : le monde paysan, que je connais très bien, n'est pas constitué uniquement de viticulteurs aisés ou de gens qui avaient des tracteurs climatisés...
Je doute que certains clercs et tradis soient bien au courant que des retraités de 90 ans aujourd'hui ont moins que les clandestins et le minimum vieillesse. Vendre du lait n'a jamais enrichi.
J'ai connu les toilettes dans le jardin jusqu'en 1988, année de la retraite de mes grands-parents maternels.
Et pas de télé chez les autres avant leur propre retraite. Le soir, un paysan lit le journal local et est fatigué de sa journée. Il se rase dans l'évier de la cuisine.
Avoir sept enfants dans des familles catholiques n'était pas une bénédiction, quand il faut aussi une pièce pour la grand-mère paralysée. Pas de voiture, jusque dans la retraite. Jamais de vacances à l'année et quand on marie ses filles, se déshabiller avant le repas pour aller traire. Des dettes toute une vie quand il n'y a pas de patrimoine. L'honneur restant sauf, c'est tout ce qu'il y avait dans nombre de familles, qui voyait le curé choisir ses maisons pour le repas du dimanche...
Et quand une maison est fermée de nos jours, le notaire veut bien l'estimer à 30 000 euros avec le verger.
On enterre sans messe la grand-mère, comme dit Cuchet, en même temps qu'on enterre la dernière croyante de la famille qui compte divorces et enfants non baptisés en majorité.
Tout cela échappe totalement aux bourgeois et aux gens des villes, à la quasi-totalité des évêques et des clercs à ordinateur (à moins d'avoir été curé de campagne), qui connaissent les petite gens par la bible ou par leurs domestiques. Au mieux aux conférences St-Vincent de Paul...
Il est beau de louer les familles nombreuses quand il fallut toute une vie chercher de quoi nourrir les enfants et les envoyer faire du stop pour aller au lycée. Véridique. Ce n'était pas deux garçons dans une chambre, mais sept enfants dans une chambre, avec la glace aux carreaux en hiver et nos grands-mères devant traire les vaches jusqu'à leurs premières contractions. Vide une écurie à la brouette quand il gèle, de nuit, cela échappe largement à ceux qui sirotent du Champagne ou qui se demandent si Trente a bien été appris par les enfants au catéchisme.
Et ces gens étaient de parfaits chrétiens, sans bibliothèque et sans prétention, qui durent suivre le mouvement de l'Eglise locale et faire avec.
Leur réflexe le matin n'était pas d'allumer l'ordi, mais de préparer le déjeuner des enfants après avoir fait la traite et nettoyer le tank à lait. Et si une vache avait de la fièvre, le contrôleur laitier ou celui qui ramasse le lait ne repassait pas avant deux semaines. Et donc zéro revenu pendant cette période. Zé-ro.
Il ne s'agissait pas de se demander si telle fille ferait un beau mariage avec un re-dede ou entrerait en prépa, mais si cette fille irait au moins jusqu'au bac avant de trouver un travail forcément modeste. Et ce genre de famille aidait encore plus pauvres qu'eux dans le village, y compris des foyers ou des vieux à mauvaise réputation, en vertu d'une charité chrétienne parfaitement ancrée.
HV est mieux compris dans les maisons où les domestiques existent et où les chambres sont nombreuses, aussi bien dans la maison principale que dans la résidence secondaire... Qui parle à des femmes, catholiques, de 90 ans au sujet de leur vie familiale ? Moi, et depuis longtemps quand elles n'avaient que 70 ou 80 ans. Certaines femmes étaient debout pour traire ou sur les tisses de foin en plein été sous les toits, le soir même d'une fausse couche. On ne faisait pas dans le sentimentalisme... Et on opérait de l'appendicite dans les fermes, en tendant des draps propres qui auraient servi de linceul, pour éviter la poussière. Des vessies de porcs avec de la glace, si par chance cela se passait en hiver, pour apaiser la douleur.
Les plus humbles ont beaucoup à nous apprendre. J'en prends conscience parfois quand je vois le bric à brac de mon sous-sol ou de mes bureaux... Pour lors je n'ai ni double vitrage ni chauffage. Je comprends un peu ce que vit le peuple et ce que vécurent mes ancêtres.
Luc Perrin eut raison de nous conseiller la lecture d'un livre de Cesbron expliquant les premiers prêtres ouvriers. Je le recommande.
Il m'arrive de croiser des regards méprisants de gens très proprets sur les parvis, quand ils toisent les rares pauvres qui viennent dans le NOM ou le VOM.
Et je pense à nos abrutis qui au secours catholique retoquent mes amis sous le prétexte qu'ils ne sont pas à la mode ! Je t'en foutrais ! Mes enfants ont mis mes propres pijamas d'enfance, dès la naissance ! Et donc, ce serait honteux de les donner à qui en a besoin ? Comme si ces dames imbues de leur pouvoir étaient habillées à la mode et faisaient envie...
Et en plus, la moitié au moins ira à l'islam... Il faut voir les queues devant certains dépôts, de la rue St-Vincent d'Orléans par exemple (75 % de voiles, et je suis certain que cela gonfle d'orgueil les tenancières qui ignorent qu'elles ne valent parfois pas mieux que celle qui tenait la pension Vauquer).
Un habit propre et repassé, plié, est à respecter, surtout quand on prétend secourir dans une optique catholique. Laudato si aurait dû faire un paragraphe sur le gâchis.