Cher Meneau,
Une chose est l'intention du ministre de faire ce qui fait l'Église. Pour avoir cette intention il n'est pas nécessaire de savoir ce que fait l'Église ni d'y croire ; c'est pourquoi un juif peut baptiser validement.
Autre chose est ce que j'appelle l'intention inhérente au rite, c'est à dire ce que le rite vise à faire de par le sens des paroles. Ainsi l'Église peut modifier la forme essentielle du sacrement d'ordre dans certaines limites : il faut que le rite exprime la transmission de tel rang du sacerdoce.
...on ne peut pas dire que l'intention du prêtre qui a simplement l'intention "de faire ce que fait l'Eglise" n'exprime pas le caractère oblatoire, dans la mesure où l'intention "de l'Eglise", si je puis m'exprimer ainsi, comprend forcément cette dimension.
Certes le prêtre, en prenant la forme de l'Église, a déjà une intention suffisante. Mais l'intention de l'Église elle-même n'est pas chose interne et invisible : elle est exprimée, de façon univoque, par le
rite.
D'où un rite eucharistique valide, approuvé par l'Église catholique, exprime nécessairement tout ce qui est essentiel.
Mais quand vous dites "on ne peut pas dire que l'intention fait défaut per se dans le nouveau rite", je ne puis vous suivre, ni vous réfuter sur le Forum actuel. Mais je peux affirmer que la FSSPX refuse d'accepter la doctrine de Vatican II comme catholique et orthodoxe (à mon avis à raison) et que
le garanti de l'orthodoxie du contenu des textes conciliaires n'est pas inférieur au garanti de la validité intrinsèque des nouveaux rites. (D'ailleurs la FSSPX reconfirme sous condition les confirmés de nouveau rite.)
Pour votre texte de saint Thomas je remarque :
1. S Thomas lui-même souligne plusieurs fois dans cette question LXXVIII le fait que les théologiens approuvés ne sont pas d'accord entre eux.
2. Lui-même parle de la confection du sacrement en non du
sacrifice.
3. La forme que saint Thomas dit être essentiel ("ex substantia") à l'article 3, où il en parle en plus de détail, n'est pas la forme du Nouvel Ordo, même en latin.
4. L'Église elle-même manifeste dans la rubrique
de Defectibus qu'elle n'a pas la certitude de la suffisance de la forme de consécration sans oblation, puisqu'en cas d'invalidité involontaire de la matière elle tient à ce que le prêtre reprenne la messe à partir du "Qui pridie" non sans avoir réalisé une nouvelle oblation au moins mentale. Bref, le texte de saint Thomas ne suffit pas pour éloigner tout doute prudent et on ne joue pas avec la validité.
5. La Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la Foi sous le cardinal Ratzinger en 2001 a accepté que les catholiques pouvaient assister et participer, comme à une messe valide, à une liturgie orientale schismatique suivant l'anaphore d'Addai et Mari, laquelle ne contient aucune forme de consécration. Nous n'avons pas affaire avec des gens qui se soucient vraiment de la validité. On pourrait même penser le contraire. Ils auraient pu gâcher la liturgie romaine avec leur nouvel ordo et faire autant plaisir aux liturgiquement lobotomisés tout en gardant les formes essentielles comme avant. Mais ils n'ont pas voulu.