Ce que l'on appelle plagiat en 2020 peut parfois n'être que des réminiscences ou des citations involontaires, que les hagiographes du Moyen Age connaissent très bien. Cela n'avait alors rien d'anormal, au contraire ! Plus on citait de grands auteurs sans le dire et sans même donner leur nom, mieux c'était. On n'avait pas le souci de la page blanche. On n'est pas nécessairement un Attali ou un BHL si on retrouve des citations sans renvoi de bas de page, dans ce genre de littérature très particulière. Autrefois, on méditait tellement des textes qu'on les possédait. Les moines connaissaient le psautier par coeur très tôt. Les exégètes peuvent donner le verset de n'importe quel phrase de dix mots du Nouveau Testament. Parler par citations est une manière surannée qui a pourtant mes faveurs comme celle de Lucchini. C'est plutôt une preuve de modestie, non une manière d'étaler ses lectures. Des personnes ont écrit avant nous, et bien mieux que nous ne le ferons jamais.
Je suis d'accord avec vous quant au changement de notre approche vis-à-vis de la frontière entre plagiat et citation. Je conseille à Eudoxie d'éviter d'ouvrir les Essais de Montaigne...
D'autre part, la réponse apportée à la postulatrice aux accusations du P. de Meester est pour ma part assez crédible :
"Avant le procès, on pensait que Marthe Robin était absolument incapable d’écrire, depuis le 2 février 1929, et qu’elle avait dicté tous ses textes à des tierces personnes. Or, les experts sollicités lors du procès, dont le père De Meester, ont jugé qu’elle avait probablement écrit elle-même, dans sa jeunesse, la plupart des cahiers qui ont été retrouvés après sa mort. Cette information est publique depuis 2010. Les travaux de recherche sur ses textes, menés sur une période de 10 ans, ont démontré que Marthe est un auteur, et non une plagiaire. Elle a un but, une méthode bien à elle. Elle compose soigneusement et les livres dont elle se sert ne sont que des matériaux de sa propre construction.
C’est ainsi que les emprunts à d’autres mystiques, soulignés par le père De Meester dans son rapport pour accréditer la thèse d’une fraude, ont été évalués par les autres experts, non comme des plagiats mais comme une manière de comprendre et relater ce qu’elle vivait. En effet, il a été jugé par les autres experts que le père De Meester oubliait, dans son analyse, d’intégrer le paramètre du temps, de la progression. Les écrits de Marthe Robin datent de sa jeunesse, à l’époque où elle commençait à vivre des phénomènes mystiques. Elle n’était pas théologienne et, sur le conseil d’un prêtre, elle a lu des auteurs mystiques qui lui ont donné des mots et des expressions pour exprimer ce qu’elle vivait. Elle s’est humblement coulée dedans. Par ailleurs, elle n’a pas simplement copié, mais adapté ce qu’elle reprenait à ce qu’elle vivait. Elle n’est pas la seule à avoir agi ainsi. Padre Pio a fait de même, dans sa jeunesse, en utilisant des paragraphes de Gemma Galgani pour décrire ses états mystiques. Par ailleurs, il est important de noter que Marthe Robin n’a pas écrit dans la perspective de publier une œuvre. Elle n’avait pas à faire preuve de la même rigueur qu’un auteur rompu à l’exercice en termes de référencement de ses écrits et de formalisation de ses emprunts (guillemets de citations, notes de bas de page)."
SourceTout cela n'est qu'un barnum médiatique du Cerf pour faire du chiffre et les catholiques plongent dedans allègrement. Moi le premier !