Le comportement qui consiste à dire que la liturgie n'est que l'affaire des prêtres et que les fidèles n'ont qu'à suivre est justement celui qui a permis la révolution liturgique.
En temps normal cette position est certainement vraie. Mais nous ne sommes pas en temps normal. Pour la plupart d'entre nous, nous ne fréquentons pas nos paroisses naturelles justement parce que nous recherchons le rite "pré-NOM".
Un jour nos prêtres de paroisse ont "dévissé" et ont proposé à nos parents (j'ai 45 ans) un nouveau rite. Ils n'ont pas refusé un changement (ils n'avaient pas réagi à la réforme de Pie XII), ils ont résisté contre une révolution.
Ils auraient pu dire qu'après tout la liturgie n'est pas l'affaire des fidèles. Et pourtant ce sont justement beaucoup de fidèles qui ont été en pointe dans le combat. Pas pour prendre la place des prêtres, mais par sensus fidei. Il leur en a fallu du courage ! Et jamais je ne remercierai assez mes parents pour ce choix héroïque qu'ils ont fait immédiatement et malgré les conséquences inévitables ecclésiales certes, mais aussi familiales et amicales.
Voyez-vous quand j'ai parlé de ce retour à l'ancienne Semaine Sainte à ma maman, elle a trouvé ça curieux. Or, elle sait parfaitement ce qu'il en est de la liturgie. Adolescente et jeune adulte elle chantait toute la Semaine Sainte à Dakar où mon grand-père était chef de chœur de la cathédrale d'un certain Mgr Lefebvre.
Je crois que les gens de cette époque avait gardé un certain sens de ce qui était nécessaire et de l'accessoire. Après tout on ne s'est pas retrouvé du jour au lendemain avec 12 lectures chantées. Rien n'interdit d'alléger un peu les développements de la liturgie, tant qu'on ne touche pas à la messe.
On peut trouver bancale la réforme de Pie XII. N'empêche, elle fait partie de notre socle commun aujourd'hui. Il sera toujours temps d'y revenir lorsque Rome aura retrouvé le nord liturgique. Tant que la tempête souffle, on trouve un refuge et on s'y tient. On n'essaye pas de revenir au port précédent sous prétexte qu'il était plus accueillant.
Nos prêtres des Instituts traditionnels sont dans une situation très "anormale" ecclésialement, dans le sens où ils desservent des paroisses factices fréquentées par des naufragés du rite. Ce sont les fidèles qui font appel à eux pour avoir accès à la liturgie d'avant le NOM. Sans la demande extraordinaire (dans le sens a-normale) de ces fidèles, ils se retrouvent sans troupeau... ou plutôt avec la portion congrue du troupeau tradi qui habite le territoire de leur paroisse, ce qui risque de leur faire tout drôle.
On leur demande du pain beurre et ils commencent à ajouter de la confiture parce qu'ils trouvent que c'est meilleur. Peut-être que c'est meilleur, mais ce n'est pas ce qui leur a été demandé !
Encore une fois : où s'arrête-t-on ? Je lisais ici que Saint Pie X avait fait des réformes tragiques du bréviaire. Allez, hop ! Saint Pie X : au trou !
Au suivant !
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