Ne vous en déplaise, il y a débat par N.M. 2022-10-25 20:02:14 |
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Vous invoquez Guy Augé, et vous avez raison, car feu Guy Augé fut probablement le meilleur avocat de la cause "Blancs d'Espagne" (et merci de rappeler l'existence de cet important ouvrage)...
... mais il ne faut pas faire mine de croire que la partie adverse - les "Blancs d'Eu" - ne possède aucun argument sérieux :
"A défaut de pouvoir et de vouloir servir l'allégeance due au souverain, on pouvait même perdre momentanément sa qualité de prince du sang. Selon le lit de justice du 28 mars 1654, le Grand Condé perdit le nom de Bourbon et la qualité de prince du sang, pour être passé à l'étranger, en 1652, et avoir pris le commandement des troupes espagnoles de Flandre. Le 13 novembre 1652, M. le Prince fut proclamé criminel de lèse-majesté, perturbateur du repos public et traître à sa patrie. La conclusion du traité des Pyrénées l’amnistiera cependant.
"Toutefois, avec cet exemple, il est d'autant plus facile de réaliser que l'exigence du service de l'allégeance due au souverain était impérative. Nous verrons que le fait pour un prince de s'expatrier et de fonder par surcroît une dynastie étrangère, le mettait dans l'impossibilité de servir cette allégeance qui le privait en conséquence de ses droits dynastiques."
Hugues Trousset, La Légitimité dynastique en France, éd. Roissard, Grenoble, 1987, p. 78.
"Comme la couronne n'appartient pas au roi, mais à la nation, d'après les paroles mêmes de Monseigneur [le comte de Chambord], rappelés maintes fois dans sa correspondance : 'Je ne puis oublier que le droit monarchique est le patrimoine de la nation' et d'ailleurs : 'Je regarde les droits que je tiens de ma naissance comme appartenant à la France', il s'ensuit qu'à la mort du roi la couronne revient de droit à la France qui, dans l'ordre régulier de succession, la laisse et doit la laisser au successeur immédiat du roi défunt, c'est-à-dire à son aîné, s'il en a, ou à défaut au plus proche dans sa famille. Je dis que la France doit laisser la couronne à celui que désigne la loi salique, en vertu du contrat synallagmatique qui existe de fait depuis tant de siècles entre la France et la Maison de Bourbon, loi obligatoire pour les deux parties contractantes : et c'est ce qui a toujours eu lieu dans l'ordre régulier de succession, mais quand cet ordre est troublé, ou seulement obscurci par l'extinction de la dynastie ou par la mort du dernier membre de la Maison de France, un doute sur la succession royale, c'est à la France de se prononcer, non d'après son opinion, mais conformément à la loi salique qu'elle interprète alors.
"Or ce doute existe. Et il est partagé non seulement par les Orléans, mais par des hommes impartiaux et savants, très versés dans ces questions de politique. Je dis plus : je connais des royalistes sincères qui regardent comme une abdication le silence séculaire des Bourbons d'Espagne qui depuis Philippe V n'ont jamais réclamé ni par leurs écrits ni par leurs services la qualité de Français, ni les droits que leur avait conservés le testament de Charles II, ni les lettres patentes de 1700 et le droit national.
"Est-il étonnant que Monseigneur connaissant cet état des choses, et de plus l'abdication de don Juan [comte de Montizon] du trône d'Espagne par suite de son incapacité, et à plus forte raison de la couronne de France pour cette raison-là même et pour d'autres encore, la revendication de la couronne d'Espagne par don Carlos [duc de Madrid] exprimée formellement par écrit, et poursuivie par les armes, et enfin le désintéressement de don Alphonse [duc de San Jaime] pour la couronne de France, toutes choses qui depuis la mort d'Henri V s'accentuent plus visiblement [...] ajoutez encore la connaissance parfaite qu'avait Monseigneur de l'état des esprits en France à l'égard des Bourbons [d'Espagne] : est-il étonnant, dis-je, que Monseigneur, bien que persuadé des droits des Bourbons d'Espagne au trône de France, convaincu que ces princes ne réclameraient pas leurs droits, ni que la France ne ferait valoir les siens sur les princes espagnols, ne regardait ce contrat synallagmatique comme rompu de fait, chaque partie se désistant de ses droits, et que dans cette longue vacance du trône, où droits et devoirs mutuels étaient abandonnés, l'antique loi salique semblait, sinon totalement abrogée, du moins dans le cas présent cessant d'être appliquée. Cette conviction n'était-elle pas suffisante pour que Monseigneur pût dire qu'après sa mort la France deviendrait maîtresse de ses destinées ?"
Lettre du père Bole, s.j., ancien confesseur du comte de Chambord, à son confrère le père de Boylesve, en date du 7 avril 1885, citée par Paul-Eric Blanrue, Lumières sur le comte de Chambord, le témoignage du P. Bole, confesseur du prince en exil (avec préface d'Hervé Pinoteau), éd. Communication et Tradition, 1995, pp. 211-213.
"Etait-ce par là reconnaître les droits des Orléans à la couronne ? Pas le moins du monde."
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