Vous oubliez qu'un missel, ce n'est rien de plus qu'une compilation de normes! La liturgie, elle, est d'abord un esprit, quelque chose de vivant, elle ne se réduit pas à telle ou telle compilation de rubriques! Missel et liturgie sont deux réalités bien distinctes. En fait, un missel n'est rien de plus qu'un pense-bête, c'est tout.
Le problème n'est pas le missel tridentin en lui-même, le problème est l'esprit, la mentalité dans laquelle il est mis en oeuvre.
On peut mettre en oeuvre le missel de St-Pie V dans un esprit de prière, de contemplation, dans le contexte mental d'une compréhension intime de la dimension cosmique, eschatologique et mystique de la liturgie (c'est le cas dans certaines abbayes), ou bien on peut le mettre en oeuvre dans un esprit rationaliste, cérébral, rubriciste, mécanique, comme c'était souvent le cas avant le Concile (c'est ce qui explique le rejet massif dont ce missel a été victime dans les années 1960) et comme c'est encore trop souvent le cas dans les chapelles des instituts traditionalistes. Dans les deux cas, un même missel, mais des approches totalement différentes.
A partir d'une période que je situerai à la fin du Moyen-Age (sur ce point on peut bien sûr discuter...), on a gardé l'aspect formel et extérieur du rite (qu'on a surchargé de normes et de rubriques pour en maintenir la forme extérieure) mais on a perdu la compréhension de son sens profond, de son lien avec la prière vraie, avec la vie intérieure, avec la dimension symbolique et objective du cosmos aussi, etc. D'où l'inflation des dévotions privées à tendance sentimentalistes à partir des XIVe-XVe siècles. D'où en réaction la Réforme protestante qui a provoqué progressivement la disparition de la liturgie qui n'était à l'époque de Luther plus que l'ombre d'elle-même, un vestige dont on avait perdu le sens profond. Or, c'est une loi imparable: ce que l'on ne comprend plus, on ne le vit plus que comme une pesante contrainte qui est un obstacle à la vie intérieure au lieu de la nourrir, et donc on finit par le supprimer. Cela s'est fait en deux temps: au XVIe siècle dans les pays gagnées au protestantisme d'abord, puis dans l'ensemble du monde catholique dans les années 1960-1970. Or, ce qui s'est passé dans ces années post-conciliaire, c'est exactement ce que le mouvement liturgique puis le Concile voulaient éviter!
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