Vous abordez ici un sujet que l'abbé Rebourgeon n'a pas évoqué, je crois dans son article:
Effectivement, on passe de l'ambiguïté de la prévention contre ceux qui ne luttent pas contre le NOM à la proclamation de l'invalidité des nouveaux rites.
A partir du moment ou de nouveaux rites, radicalement nouveaux mêmes dans leur impressionnant éloignement, comme l'ont fait d'emblée remarquer les cardinaux Ottaviani (qui était tout de même à l'époque préfet du Saint-Office) et Baci, par rapport au rite traditionnel, la question de leur validité s'est légitimement posée: un rite n'est pas automatiquement assuré d'être valide uniquement parce qu'il a été promulgué par le Pape. Le Saint-Siège n'a pas engagé son infaillibilité lors de la promulgation de la messe de 1969 et Paul VI a même, lors de son audience générale du 19 novembre 1969, explicitement affirmé le contraire:
Le rite et la rubrque correspondante se sont pas, en eux-mêmes, une définition dogmatique. Ils peuvent avoir des qualifications théologiques de valeur diverse, selon le contexte liturgique auquel ils se rapportent.
Ensuite, il y a évidemment un équilibre à trouver: la liturgie établie dans l'Eglise, comme c'est le cas désormais de la messe de Paul VI, doit être vénérée et respectée.
Pour autant, Mgr Lefebvre, s'étant livré très soigneusement à cet examen, a conclu à la
validité de la nouvelle messe. Il a abordé
in extenso la question lors de sa conférence spirituelle a Écône le 8 février 1979, rapportée dans le compendium
La messe de toujours (Clovis éd., 2005), affirmant que
la nouvelle messe est valide si elle est célébrée par un prêtre validement ordonné qui emploi la matière requise (pain de froment et vin de vigne), en prononçant les paroles requises (celles de la consécration) et en ayant l'intention requise..
La question de la pérennité de l'intention au sens où l'Eglise l'a toujours entendu avait tracassé les cardinaux Ottaviani et Baci qui ont fait état, dans le
Bref examen critique, de leur inquiétude sur ce point:
La portée des paroles de consécration telles qu'elles figurent dans le Novus ordo y est conditionnée par tout le contexte. Ces paroles peuvent assurer la validité en raison de l'intention du ministre, mais elles ne le font pas ex vi verborum ou plus exactement en vertu du modus significandi qui leur est associé dans le canon de saint PIe V. il se peut donc que ces paroles n'assurent pas la validité de la consécration.
Cette position, qui était celle de deux cardinaux dont le préfet du Saint-Office à l'époque, Mgr Lefebvre l'a explicitement fat sienne. On peut au demeurant trouver normal de s'attendre à ce que les prêtres ordonnés dans l'Eglise et incardinés dans ses diocèses aient encore l'intention de faire, en célébrant le saint Sacrifice, ce que l'Eglise a toujours fait. Sinon le problème se situerait à toute autre échelle!
S'agissant des autres sacrements, Mgr Lefebvre s'est toujours prononcé pour leur validité, sa pratique étant de les répéter sous condition lorsqu'un doute prudent existait sur la validité. La pratique actuelle de la FSSPX est de ne pas répéter les sacrements sauf lorsque les intéressés le demandent et qu'elle a constaté l'existence d'un motif de doute raisonnable suffisant.
Je conclurais en soulignant qu'on ne peut pas raisonnablement reprocher aux cardinaux auteurs du
Bref examen critiqueni à Mgr Lefebvre, de s'être posé cette question. C'est renverser la charge de la preuve. Quand on modifie aussi radicalement, comme Paul VI l'a fait, en aussi peu de temps, la forme employée pour l'administration de la
totalité des septs sacrements institués par Jésus-Christ, on est en droit se se demander quelle nécessité motivait de s'écarter, dans la forme, — mais aussi, pour la confirmation et l'extrême-onction, la matière (qui n'est plus nécessairement l'huile d'olive qui était d'emploi universel au moment de leur institution), — des rites jusqu'alors employés et à la validité desquels l'Eglise avait toujours très soigneusement veillé.
En vérité, c'est plutôt à Paul VI et aux auteurs des nouveaux rites qu'on lui a fait promulgués à qui on peut reprocher d'avoir
tout à fait inutilement institué des textes dont la validité était susceptible d'être attaquée. Une première dans toute l'histoire de l'Eglise.