Bonjour, Jean-Paul PARFU,
La collégialité, l'oecuménisme, le dialogue inter-religieux, la liberté religieuse, ne sont certes pas des dogmes, mais ce sont des quasi-dogmes, de même qu'en droit il y a des quasi-contrats et des quasi-délits, des contrats ou des délits qui ne sont pas formellement des contrats ou des délits, mais qui, néanmoins, engagent, obligent, la responsabilité de ceux qui les acceptent ou les commettent.
Ces quatre points cardinaux sont constitutifs de l'inconditionnalité du système contemporain, consensualiste, qui a succédé à l'inconditionnalité du système antérieur, controversiste.
Ce n'est certes pas à vous que je rappellerai ce qu'a dit un jour le dominicain CONGAR : "Vatican II a liquidé l'inconditionnalité du système", c'est-à-dire du système de pensée et d'action antérieur au Concile lui-même (en réalité, plutôt antérieur au pontificat de Jean XXIII, mais là n'est pas la question).
Mais ce que ce dominicain n'a pas dit, et qu'il aurait pu tout aussi bien dire, c'est que le Concile Vatican II a substitué l'inconditionnalité de son propre système de pensée et d'action à l'inconditionnalité du système de pensée et d'action qui lui était antérieur, et par rapport au lequel il s'est, a minima, "démarqué".
Et il est possible que nous assistions aujourd'hui, parallèlement et simultanément, mais aussi et surtout contradictoirement
- à une tentative pontificale romaine d'assouplissement de l'inconditionnalité du système de pensée et d'action qui découle du Concile,
- à des tentatives épiscopales françaises de réaffirmation de l'inconditionnalité du système de pensée et d'action qualifié de conciliaire.
Voici une autre manière de lister rapidement les quasi-dogmes qui fondent l'inconditionnalité de ce système consensualiste, qui fonctionne, paradoxalement, à l'impératif, alors que la conservation et la propagation du dogme, elles, sont devenues facultatives, car elles ont désormais une solidité et une validité tenues pour quasiment relatives, et non plus connues comme tout à fait exclusives :
A comme Adaptation, car IL FAUT s'adapter
E comme Evolution, car IL FAUT évoluer
I comme Innovation, car IL FAUT innover
O comme Ouverture, car IL FAUT s'ouvrir
U comme Unité, car IL FAUT s'unir.
Or, chacun de ces mot est un mot-valise, et chacun de ses mots-valises est à double, voire à triple fond, mais l'ensemble qu'ils constituent ne caractérise qu'une seule signification, qu'une seule téléologie, qu'un seul "évolutivisme", lequel est, pour sa part, quasiment dogmatique.
Et cet "évolutivisme" là
- n'est pas seulement en contradiction, à tout le moins potentielle et tendancielle, avec le Magistère antérieur au Concile,
MAIS
- est aussi en contradiction, elle aussi "a minima" potentielle et tendancielle, avec de nombreux paragraphes du Concile, "inenrobables" par des modernistes, "inenrôlables" par des progressistes, pour des raisons de forme et de fond.
Je vous renvoie ici, à ce propos, à mes deux messages récents évocateurs, dans leur titre, de ce que j'appelle "l'autre côté du palimpseste".
Je vous souhaite un bon après-midi.
Scrutator.