La canonicité du comma johannique par Chicoutimi 2020-06-06 10:37:56 |
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Lors du 1er dimanche après Pâques, la liturgie de la forme extraordinaire de la messe nous offre la lecture de l'un des plus beaux passages de l'Écriture Sainte:
''Car il y en a trois qui rendent témoignage [dans le ciel : le Père, le Verbe et l’Esprit ; et ces trois sont un. Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre] : l’Esprit, l’eau et le sang ; et ces trois sont d’accord.'' (1 Jn 5, 7-8)
La partie des 3 témoins célestes (en caractère gras) - il s'agit du verset 7 et on l'appelle le comma johannique - ne se retrouve plus dans les traduction modernes de la Bible, ni dans le lectionnaire de la nouvelle messe. Le texte cité de l'épître de Jean est de la Bible de Crampon qui a conservé cette partie mais en la mettant entre crochets.
On retrouve le comma johannique (sans crochets) dans les traductions de Sacy, Fillion, et Vigoureux, mais pas dans la Bible de Jérusalem.
Du côté protestant, on le retrouve dans la King James, et dans la Bible de David Martin, mais pas dans la traduction de Louis Second.
Sur le blog d'Yves Daoudal, on y lit ceci:
''L’épître de ce dimanche présente une particularité unique, c’est d’avoir une importante partie de texte qui n’existe pas. (…) Des tentatives désespérées ont été faites au cours de l’histoire pour voir le texte complet comme étant le texte canonique, d’autant que son parallélisme est si séduisant, et surtout que son affirmation de la Sainte Trinité est si claire… Mais il faut se rendre à l’évidence. La partie litigieuse ne se trouve dans aucun manuscrit grec ancien. Le plus ancien est du… XIVe siècle.'' ( Source)
''(…) ce que l'on appelle « le comma johannique ». Les exégètes considèrent généralement cet élément textuel comme : « une incise, absente dans les manuscrits grecs anciens, les versions anciennes et les meilleurs manuscrits de la Vulgate » (...).
La Tradition de l'Église est tout autant liturgique qu'écrite. Nous croyons, pour notre part, que la Tradition de l'Église s'exprime par cette vision trinitaire des « Trois qui sont Un ». Cette Tradition s'est trouvée incluse dans le texte de la première épître du saint Apôtre et Évangéliste Jean, de sorte qu'elle se trouve maintenant présente dans le texte liturgique utilisé dans l'Église orthodoxe, tout comme dans la Vulgate de l'Église latine.'' (Source)
''En sens contraire, on lit dans la 1° lettre de S. Jean (5, 7) : “ Ils sont trois qui témoignent dans le ciel : le Père, le Verbe et le Saint-Esprit. ” Et si l’on demande : Trois quoi ? on répond : Trois Personnes, comme S. Augustin l’expose. Il y a donc seulement trois Personnes en Dieu.'' (Ia pars, Q. 30, a. 2)
''Ce Père [saint Fulgence] rapporte un grand nombre de passages pour prouver la divinité du Fils et du Saint-Esprit, entre autres celui de la première Épître de saint Jean, où il est dit: ''Il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel, le Père, le Verbe et le Saint-Esprit, et ces trois sont une même chose.'' (Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques).
''Les évêques s'étendent particulièrement sur la divinité du Saint-Esprit, et la prouvent entre autres par ce texte de saint Jean, déjà cité par saint Cyprien: «Il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel : le Père, le Verbe et l'Esprit-Saint, et ces trois sont une même chose.» Ils concluent en ces mots : Telle est notre foi, appuyée sur l'autorité et les traditions des évangélistes et des apôtres, et fondée sur la société de toutes les églises catholiques du monde, dans laquelle, par la grâce de Dieu tout-puissant, nous espérons persévérer jusqu'à la fin de notre vie. Ce mémoire est daté du vingt avril 484.'' (Histoire universelle de l'Église catholique)
''Un passage positif vaut mieux tout seul que cent omissions, surtout quand c'est un passage d'une aussi savante église que celle d'Afrique, qui, dès le cinquième siècle, a mis ce passage en preuve de la foi de la Trinité contre les hérétiques qui la combattaient. On ne doit pas oublier qu'une si savante Église allègue comme incontestable le texte dont il s'agit ; ce qu'elle n'aurait jamais fait s'il n'avait été reconnu, même par les hérétiques. Il n'y a rien qui démontre mieux l'ancienne tradition qu'un tel témoignage ; aussi vient-elle bien clairement des premiers siècles ; et on la trouve dans ces paroles de saint Cyprien au livre de l'Unité de l'Église. ''Le Seigneur dit : ''Moi et mon Père nous ne sommes qu'un''; et il est encore écrit du Père, du Fils et du Saint-Esprit : ''et ces trois sont un'', et hi tres unum sunt'' : où cela est-il écrit nommément et distinctement du Père, du Fils et du Saint-Esprit, sinon en saint Jean, au texte dont il s'agit ?'' (Oeuvres complètes de Bossuet, lere partie, Écriture sainte)
“Secrétariat de la Congrégation du Saint-Office de l’Inquisition. En ce qui concerne l’authenticité du texte de I Jean V. 7 (mercredi 12 janvier 1897).
“En Congrégation générale de la Sainte Inquisition romaine (...) la question discutable fut présentée comme suit, à savoir :
''Si nous pouvons impunément nier, voire mettre en doute, l’authenticité de ce texte (I Jean V. 7) (...)''
“Toutes choses ayant été examinées et pesées avec un très grand soin, et les grands Consulteurs ayant été chargés de donner leur avis, les très éminents Cardinaux susdits font savoir que ‘la réponse est négative’. Le vendredi 15 du mois et de l’année susmentionnés, à l’audience habituelle accordée du révérend père le grand Assesseur du Saint-Office, après qu’il eut fait un compte rendu exact des délibérations mentionnées ci-dessus au très saint et grand pape Léon XIII, Sa Sainteté a approuvé et confirmé la résolution de ces très éminents Pères (...).”
— Acta Sanctae Sedis, tome XXIX, 1896-7, p. 637.
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