Mes connaissances sur les évangiles sont malheureusement faibles, mais les points soulevés dans le Dictionnaire apologétique que vous citez me semble tout-à-fait pertinents.

S'agissant des deux premiers chapitres de Mathieu - quoi qu'il en soit de leur ancienneté et de leur auteur - paraissent bien être un récit raccordé plus tard au reste de l'Evangile, qui commence avec le chapitre 3. Il est difficile d'expliquer autrement la remarquable ellipse qui fait passer sans transition de l'installation de la Sainte Famille à Nazareth à la prédication de Jean-Baptiste.

De la même façon, le dernier chapitre de Jean, à juste titre qualifié d'épilogue, occupe une place très particulière. En effet, d'une part, les versets 30 et 31 du chapitre XX constituent déjà une formule de conclusion de l'Evangile, qui est alors réitérée à la fin du chapitre XXI. D'autre part, le récit de cette pêche miraculeuse est de fait très proche de celui du chapitre V de Luc (on peut presque accoler les deux récits en forme de synopse) qui est comme déplacé après la Résurrection. Il ne semble pas occuper sa place d'origine.

Quant à l'épisode de la femme adultère, il rend curieusement incompréhensible le verset 12 du chapitre VIII. En effet, tout le monde s'étant retiré, Jésus se retrouve seul avec la femme et lui dit de se retirer. Mais immédiatement après, on dit qu'il "leur" parle encore : "Je suis la lumière du monde etc.". Tout ce qui suit se comprend beaucoup mieux si on retire le dernier verset du chapitre VII (où tout le monde rentre chez soi) et les onze premiers du chapitre XI.

De même, le récit de l'agonie du Christ au Mont des Oliviers dans saint Luc supporte très bien l'absence des deux versets en question.

Il me semble donc que la logique interne des Evangiles en tant que textes continus va dans le même sens que les arguments philologiques très solides qui sont exposés.

Une dernière chose enfin, dire que des passages sont des interpolations ne signifient pas nécessairement qu'ils soient d'un autre auteur (je suis tenté de dire "apocryphe" mais cela a un sens bien précis s'agissant des Ecritures saintes qui ne permet pas de l'employer ici, puisque les textes sont canoniques), simplement qu'ils ont été placés là ultérieurement.

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