Les raisons de soutenir l'authenticité de ce verset... par Chicoutimi 2020-06-07 07:04:14 |
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sont nombreuses. Tout d'abord, il me semble que l'approche consistant à considérer le comma johannique comme faisant partie de la tradition liturgique sans être dans le canon des Écritures n'est pas satisfaisante. En effet, les lectures de la messe doivent nécessairement être tirées du canon des Écritures. Tout au plus, des textes apocryphes peuvent servir à composer des antiennes. À cet égard, le mardi de Pentecôte nous en offre un exemple puisque l’introït de cette messe est tiré des apocryphes d’Esdras, comme nous le rappelle le cardinal Schuster ICI. Mais, on n'a jamais entendu dire qu'Esdras IV était lu lors des lectures de la messe. C'est pourquoi, la lecture du comma johannique implique que l'on reconnaît sa canonicité. Autrement, sa place ne serait pas dans les lectures de la messe mais quelque part d'autre sous forme d'antienne.
Évidemment, la question de l'absence du comma johannique du côté des manuscrits grecs est un problème important. J'en conviens, et vous faites bien de le souligner. Mais sommes-nous certain que c'est la présence de ce verset qui soit problématique et non son absence? L'une des thèses intéressantes est que l'on a tendance à attribuer aux Latins l'ajout de ce verset pour contrer l'arianisme, alors qu'en fait le verset aurait été retranché par les Grecs qui étaient en lutte contre le sabellianisme. Cela n'est qu'une hypothèse, mais elle est certainement intéressante à explorer:
''Il ne faut pas oublier que durant les 2e et 3e siècles (entre 220 et 270, selon Harnack); l'hérésie que les chrétiens orthodoxes étaient appelés à combattre n'était pas l'arianisme (puisque cette erreur n'était pas encore apparue) mais le sabellianisme (ainsi nommé d'après Sabellius, l'un de ses principaux promoteurs), selon lequel le Père, le Fils et le Saint-Esprit étaient un dans le sens où ils étaient identiques. Ceux qui prônaient cette vision hérétique étaient appelés patripassiens (Père-souffrant) - parce qu'ils croyaient que Dieu le Père, étant identique au Christ, a souffert et fut mis à mort sur la croix - et monarchiens, parce qu'ils prétendaient soutenir la Monarchie de Dieu.
Il est donc possible que l'hérésie sabellienne ait fait en sorte que le comma johannique soit défavorable aux chrétiens orthodoxes. La déclaration, ces trois ne font qu'un, leur semblait sans aucun doute enseigner le point de vue sabellien que le Père, le Fils et le Saint-Esprit étaient identiques. (…) il est facile de voir que le parti orthodoxe considérait ces manuscrits mutilés comme représentant le vrai texte et considérait donc le comma johannique comme une addition hérétique.'' (en anglais)
'' L'histoire de la sueur de sang de Jésus-Christ et de l'apparition de l'ange pour fortifier le Sauveur dans son agonie, histoire rapportée au chapitre XXII, versets 43, 44 de l'Évangile de saint Luc, peut passer pour une interpolation ; puisque saint Hilaire dit qu'elle manquait dans beaucoup de manuscrits grecs et latins, et que selon Photius, les Arméniens crurent devoir la retrancher de l'Évangile de saint Luc''.
''Une preuve incontestable que nos Évangiles ont été interpolés, disent plusieurs critiques modernes, c'est que les deux premiers chapitres de saint Matthieu ne se trouvaient ni dans l'Évangile hébreu des ébionites, ni dans le Protévangile ou Évangile primitif; que saint Marc ne dit rien de ces deux premiers chapitres, et que saint Luc a donné une histoire de l'enfance de Jésus tout à fait différente de celle qui est tracée dans ces deux chapitres.''
''Il est hors de doute, disent quelques protestants modernes, que les douze derniers versets du chapitre XVI de saint Marc ont été ajoutés au livre de cet évangéliste par une main étrangère. En effet, saint Grégoire de Nysse dit que l'Évangile de saint Marc se termine, dans des manuscrits plus exacts, aux mots : Car elles craignaient; et saint Jérôme affirme que ce fragment ne se trouvait pas dans presque tous les exemplaires grecs.''
''L'histoire de la femme adultère rapportée dans l'Évangile de saint Jean (VIII, 1-11 ) peut être considérée comme ajoutée par une main étrangère ; car premièrement, les manuscrits les plus anciens, tels que celui du Vatican, l'Alexandrin, le Codex Ephremi, le Robert Estienne et plusieurs autres plus modernes ne la contiennent pas ; et parmi ceux qui la portent, il en est où elle se trouve marquée d'une obèle ou d'une étoile. Enfin quelques-uns la placent dans l'Évangile de saint Luc ou la rejettent à la fin de l'Évangile de saint Jean, Secondement, elle manque dans la version syriaque Peschito, dans les deux coptes memphitique et saïdique; dans la version gothique, et dans plusieurs manuscrits de l'arménienne. Troisièmement, elle n'a point été admise par un certain nombre de Pères parmi lesquels on compte Origène, Apollinaire, saint Cyrille, saint Jean Chrysostome, saint Basile, Théophylacte. Ajoutons que les vingt-trois auteurs cités dans les Chaînes grecques n'en disent rien. Euthymius, le premier qui l'ait expliquée, remarque qu'elle ne se trouve pas dans les manuscrits exacts, ou qu'elle y est marquée d'une obèle.''
''Le chapitre XXI de l'Évangile de saint Jean, disent après Grotius quelques critiques protestants, est certainement une interpolation faite au livre de cet évangéliste; on en trouve facilement la preuve : 1° dans les versets 30, 31 du chapitre XX, où l'auteur dit qu'il termine en cet endroit son Évangile ; 2° dans ce qu'on lit au chapitre XXI, verset 23, sur l'immortalité de saint Jean : Ainsi je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne... ; 3° dans le pluriel nous savons (...), qui se trouve au verset 24 ; 4° dans l'hyperbole du verset 25, où il est dit que le monde entier ne pourrait contenir les livres qu'on écrirait, si on voulait rapporter en détail tout ce qu'a fait et dit Jésus-Christ ; 5° dans une contradiction manifeste ; car, disent-ils, le Sauveur, lorsqu'il apparaît à ses disciples (XIV, 26), leur commande de ne point sortir de Jérusalem avant d'avoir reçu le Saint-Esprit, ce qui est attesté par saint Luc (XXXIV, 49), et par les Actes des apôtres (1, 3, 4); et suivant le chapitre XXI attribué à saint Jean, le Christ apparaît aux apôtres avant la descente du Saint-Esprit ; il leur apparaît en Galilée; par conséquent ils étaient sortis de Jérusalem.''
''Depuis environ un siècle il s'est élevé de grandes discussions parmi les critiques et les interprètes sur ce passage qu'on lit au chapitre V, verset 7 de cette Épître, et qui est ainsi conçu : ''Il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel, le Père, le Verbe et le Saint-Esprit, et ces trois sont une même chose.'' Ce verset a été attaqué comme une interpolation , non-seulement par les protestants Christophe Sandius, le Clerc, Crell, Wolzogen, Grotius, Wetstein, Semler, qui après l'avoir d'abord défendu, l'a combattu ensuite de toutes ses forces, Griesbach, J. D. Michaëlis, etc. ; mais aussi par plusieurs catholiques, par Richard Simon, Dufour, Louis, abbé de Longuerue, et tout récemment encore par J. M. Scholz. Quoi qu'en disent certains critiques, que les arguments de Griesbach et de Michaëlis ont rendu l'interpolation de ce verset tout à fait évidente, nous ne persistons pas moins à en soutenir l'authenticité.
Nous ne pouvons présenter ici qu'un simple abrégé de discussion ; mais il suffira, nous osons l'espérer, pour démontrer que nos adversaires sont bien présomptueux, quand ils regardent la chose comme si clairement décidée en leur faveur. Ce fameux verset 7 du chapitre V est-il une interpolation faite au texte de saint Jean, et, à ce titre, doit-il être rejeté de nos Bibles ? C'est là l'objet de la discussion présente.
D'abord, il est de toute évidence que c'est à ceux qui nient l'authenticité de ce verset, à prouver qu'il a été réellement interpolé, puisque le bénéfice de la possession est en notre faveur. Mais quand nous disons que ce passage est réellement en notre possession, nous n'avançons rien de trop ; il se trouve en effet depuis très-longtemps dans la version latine ; on le lit encore dans la plupart des éditions grecques du Nouveau Testament; il fait partie de ce qu'on appelle le texte reçu (textus receptus). La version qui est à l'usage des Grecs d'aujourd'hui, aussi bien que celle dont se servent les Russes, qui appartiennent à leur communion, le contiennent également. On le lit publiquement dans la liturgie des Grecs et des Latins. L'Église grecque a inséré ce témoignage de saint Jean dans ses rituels. Le lectionnaire de cette église, dressé au V° siècle, le rapporte aussi ; et il se trouve dans la profession de foi gréco-latine, rédigée au concile de Latran, sous Innocent III, concile auquel assistaient deux patriarches et plusieurs évêques grecs, qui n'ont fait aucune réclamation. Ajoutons qu'assez récemment encore, les Grecs ont inséré ce verset dans leur profession de foi contre les erreurs de Cyrille Lucar.
Mais on peut remonter bien plus haut dans l'histoire ecclésiastique, et on le verra encore admis et reconnu comme étant sorti de la plume de saint Jean ; car il a été cité au II° siècle par Tertullien ; au III°, par saint Cyprien, au IV°, par Phébade (Phaebadius) ou Fitade (Fitadius), évêque d'Agen, par un auteur voisin du temps de saint Athanase, dans un traité inséré dans les œuvres de ce père, et intitulé : De una deitate Trinitatis (liv. I); au v° siècle, par saint Eucher, archevêque de Lyon , et par plus de quatre cents évêques d'Afrique, dans le formulaire présenté à Hunéric, roi des Vandales, et dressé en concile, comme l'atteste Victor de Vite, évêque africain. Enfin, ce verset a été cité au VI° siècle par Cassiodore, par saint Fulgence, évêque de Ruspe en Afrique, lequel s'appuyant de l'autorité de saint Cyprien, dit : « Il y en a trois..., comme le déclare aussi le bienheureux saint Cyprien, dans une lettre sur l'unité de l'Église : Il y en a trois, etc.
Vigile de Tapse, évêque de cette ville, ou selon d'autres, Idace, évêque espagnol, vers le milieu du V° siècle, dans un ouvrage contre les ariens (Contra Varimandum, liv. I, chap. v), cite le verset contesté d'une manière si formelle, que Griesbach lui-même l'avoue, et qu'il prétend de plus, non-seulement qu'il est le premier écrivain qui l'ait allégué, mais encore que c'est de lui que tous les auteurs subséquents l'ont tiré, et que c'est de son livre qu'il est passé dans les Bibles latines ; ce qui est contre toute vraisemblance, et même entièrement opposé aux témoignages irrécusables que nous venons de produire.
À ces différentes autorités nous pouvons en ajouter une autre qui les confirme : « Ce septième verset, remarque fort à propos Janssens, se lie sans effort à ceux qui le précèdent et à ceux qui le suivent, et il ne présente aucune apparence d'interpolation. En effet, il concorde en tout point non-seulement par le fond, mais presque par chacun des mots qui le composent, avec d'autres expressions de saint Jean : Jésus-Christ est appelé Verbe au chap. I, 14, de l'Évangile de saint Jean (…).
Ainsi, d'après ces divers monuments, il est hors de toute espèce de doute que nous avons la possession pour nous, et que c'est à nos adversaires à démontrer l'interpolation du passage, et à le faire non point par de simples probabilités, ni par des arguments négatifs, mais par des preuves positives, et qui soient sans réplique. Or, il s'en faut beaucoup que les raisons qu'ils allèguent soient dans ces conditions. (…)
Nous avouons que le passage dont il s'agit ne se trouve point dans les cent cinquante manuscrits grecs actuels; mais il faudrait prouver que l'omission du verset dans ces manuscrits n'est pas une faute. (…)
Ainsi, il résulte clairement de cette discussion, que les arguments des adversaires du verset 7 de saint Jean ne sont nullement des démonstrations, puisqu'ils sont tous purement négatifs. Or, de cette première conséquence en découle nécessairement une seconde, savoir, que puisque nous apportons nous-mêmes en faveur de notre sentiment des preuves positives que nos adversaires ne peuvent réfuter, nous devons, en bonne critique, rester en possession du verset contesté sans raisons suffisantes, et le tenir pour authentique.'' (ICI)
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