On peut enseigner à intégrer, digérer peu à peu, et structurer l'armoire interne, donner le moyen de construire et ranger dans sa cervelle, sans employer ces fastidieuses et faussement rassurantes récitations de mémoires de mots vides de sens.
Un mot qui a un sens est stocké relié aux connaissances déjà présentes dans la tête. Il restera là , et ses relations en feront un terreau vivant, une matière qui va s'intégrer au champ de connaissances.
La relation à Dieu s'enseigne, pour moi, de la même manière.
Peu à peu, en partant sur le terrain relationnel personnel de l'enfant, et de la manière personnelle à la mère.
On ne commence pas par les questions de catéchisme, ou alors, on va aux catastrophes déjà vues. L'enfant apprend ses prières sur les genoux de sa mère. Et on ne commence pas par des textes formels.
"Merci Mon Dieu d'avoir fait le soleil, et de m'en avoir fait cadeau !" et autres variations sur tous les merci possibles au Créateur si doux et si aimant.
On ne commence par par un par coeur de conjugaisons, ou d'accords des adjectifs, mais par parler, avec les mots, puis les phrases à entendre, et réentendre. On n'apprend pas scolairement les "merci" "S'il te plait" avec les règles de leur emploi, on le vit, on le dit. Plsu tard, l'enfant saura que s'il te plait est une proposition conditionnelle avec une conjonction élidée, et un verbe à sujet neutre, et que la proposition principale de la phrase est la question qu'il pose, et que... tout le bla bla des constructions syntaxiques. On ne commence pas par là . On parle, et on alimente la base de données en observant comment réagit le gamin, qui ne sait même pas encore prononcer correctement, ni "réciter" son alphabet.
Le par mémoire n'est-il pas lié à la facilité pour l'enseignant de contrôler des listes dévidées dans l'ordre ? Puis plus tard à la sécurité de réciter sa check-list pour contrôler son propre travail ?
Je redis : point n'est besoin de réciter des tables de multiplication pour voir les harmonies des multiples et des combinaisons des nombres.
Un exemple parlera mieux :
J'ai montré à nos enfants à voir les nombres, les chiffres.
Non pas en apprenant "par tête" la liste des chiffres, mais en leur faisant sentir la structure des quantités.
- Montre 1 main
- très bien, elle a 5 doigts
- Montre 2 mains
- Bravo, cela fait 10 doigts
puis Montre 1 doigt
et montre 2 doigts : certains ont mis deux doigts de la même main, et 'autres ont montré un doigt de chaque main. cela donne déjà idée de leur structuration des choses.
Puis nous avons ajouté
1 main et une main cela fait 2 mains
1 doigt et un doigt, cela fait 2
Et combien font 2 et 1 ? Là ils sont tous repassés à montrer 3 doigts sur la même main.
Ensuite, montre 7 = 1 main de 5 plus 2 doigts.
Et j'ai attendu qu'ils jouent ainsi.
Un jour venait le : Cela fait 1 doit, 2, 3 et mis la main qui fait 5 doigts.
- Comment s'appelle celui qui n'a pas son nom ?
Puis une fois les doigts nommés, nsou sommes passés au double :
3 doigts d'une main, et 3 en miroir sur l'autre main, cela fait 6
Puis compter par paires.
Alors la multiplication par 3 est venue toute seule :
- Maman, donne moi ta main, il m'en manque une pour faire trois fois. (l'un deux a employé ses orteils... l'été en sandale)
Les choses se dessinaient par groupes dans leur tête. Les pieds des chaises autour de la table, c'est 4 8 12 16 etc... Les pattes des moutons ?
- Mais c'est comme des pieds de chaises, Maman !
Donc, ce ne fut pas de "ce qu'on appelle par coeur" en liste de 1 2 3 4 5... assortie de "tu sais compter jusque combien", mais qui n'a pas de représentation mentale, pas d'harmonie intériorisée.