C’est très gentil, Azur, d’avoir pris le temps de me faire le petit topo sur Galilée. Je me soucie fort peu de la légende républicaine sur Galilée ou sur n’importe qui d’ailleurs.
J’ai moi-même passé un peu de temps à étudier ce cas passionnant et ce temps n’est pas si lointain que j’aie tout oublié. Les torts de Galilée, je les connais, tout le monde les connaît. Mais parmi ces torts, on ne peut pas lui reprocher d’avoir sommé l’Église de se prononcer en faveur de l’Héliocentrisme.
Son propos était, il me semble, de combattre le géocentrisme et plus généralement l’aristotélisme psittacin des universitaires avec qui il rêvait d’en découdre. Non sans tort, et se plaçant sous le patronage de saint Augustin et saint Thomas, il faisait remarquer que si, dans le domaine des sciences naturelles, les Saintes Écritures étaient en contradiction avec des faits dûment établis, il était permis d’interpréter les passages en question autrement que de manière littérale, et que l’Église n’avait pas intérêt à lier ce qui est objet de foi à ce qui ne l’est pas, car c’était prendre le risque d’affaiblir son autorité le jour où la contradiction serait patente.
Galilée était prétentieux, orgueilleux, il aimait par-dessus tout les honneurs, écraser les pieds et tourner en ridicule ses adversaires, mais il aimait sincèrement l’Église. On objecte souvent, à raison, que Galilée n’avait pas la preuve de l’héliocentrisme, théorie qu’il ne comprit d’ailleurs jamais ; mais la preuve de l’absurdité du géocentrisme était faite. La lecture littérale de certains passages bibliques ne tenait plus. L’attitude de certains continuant à réfuter ses arguments au nom de la lettre des Saintes Écritures relevait de la mauvaise foi, c’est le cas de le dire. Mauvaise foi provoquée par Galilée lui-même, son outrecuidance et sa morgue ; car il est pire que mentir, il y a rendre intenable la reconnaissance de la vérité. Mais c’est ainsi. Le Saint-Office déclara qu’abandonner le géocentrisme était « absurde en philosophie » et « au moins erroné selon la foi », ne qualifiant heureusement pas cette opinion d’« hérétique » comme elle le fit de l’héliocentrisme.
Je ne suis pas défenseur de Galilée, son seul mérite se bornant pour moi à être l’une des plus belles plumes italiennes. J’ai honte de lui en tant que scientifique et je me serais volontiers passé lui comme défenseur de l’Église, ce qu’il s’imaginait être. Mais il n’est pas honnête de prétendre comme vous le faites qu’Urbain VIII le somma d’abjurer simplement « pour apaiser les esprits ». Lui-même était furieux. S’il le fit, c’est pour plusieurs raisons, assez complexes, mais pas certainement pas celle-ci.
Et puis, dernière chose, Galilée, de sa prison dorée, ne fit plus de découverte importante mis à part qu’il devenait aveugle. En revanche, il est vrai qu’il y rédigea son maître livre.
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