Bonjour le torrentiel,
1. Cinquante après le discours du 11 octobre 1962, nous pouvons regarder dans le rétroviseur, car le chemin ouvert par Jean XXIII, la route tracée par le Concile, ont été, depuis un demi-siècle, parcourus par l'Eglise catholique.
2. A ce propos, je dois dire que je suis de plus en plus scandalisé parce que je lis de plus en plus sur internet, à savoir l'idée selon laquelle le Concile, depuis cinquante ans, n'aurait pas vraiment été expliqué ni appliqué, au sein même de l'Eglise : c'est le type même de l'idée "émancipatrice" et "exonératrice", vis-à-vis du fait que l'après-Concile ne s'est pas très bien passé, mais on ne doit apparemment surtout pas en accuser l'avant après-Concile, id est au moins une partie du dispositif et / ou de la dynamique du Concile lui-même.
3. Le Concile serait un totem encensé, et le fait que l'après-Concile découle en partie d'une partie du Concile serait un tabou censuré.
4. Sur cette question, l'Eglise catholique, en s'exprimant et en agissant ainsi,
- ne serait pas promotrice de la vérité qui inquiète, mais éclaire et libère,
- serait donc partisane de l'amnésie, qui, en apparence, rassemble ou rassure, en réalité, assoupit ou obscurcit.
5. Nous ne pouvons plus penser ni parler comme si nous ne savions pas qu'une stratégie globale, ouvertement, durablement et profondément placée sous le signe
- du recours le moins fréquent possible à la "sévérité"
et
- du recours le plus fréquent possible à la "miséricorde"
n'a pas jusqu'à présent pleinement contribué à la propagation du rayonnement du christianisme, à la communication et à la consolidation de la Foi, de l'Espérance, de la Charité, au sein et autour de l'Eglise catholique.
6. L'anathème, utilisé d'une manière appropriée et proportionnée, contre des principes mensongers ou des pratiques erronées, et non contre des personnes, peut avoir une vertu pédagogique : la dénonciation des mensonges et des erreurs est seconde, par rapport à l'annonce de la vérité, qui est première, mais la dénonciation n'est pas pour autant accessoire ou secondaire.
7. A contrario, l'expérience des cinquante dernières montre bien que l'ambivalence pusillanime conduit, non à de la pédagogie, mais, dans le meilleur des cas, à des malentendus, entre catholiques et non catholiques, voire à des mésententes entre les catholiques eux-mêmes.
8. L'apparition de la notion de points non négociables, sous cet angle là, est extrêmement révélatrice ; pour ma part, je préférerais une expression telle que principes intangibles ou inviolables, car enfin, des principes non négociables laissent entendre que d'autres principes sont, eux, négociables, ou devraient pouvoir l'être à l'avenir.
9. La notion de principes non négociables, dans un monde dans lequel tout est négociable, me rappelle un peu la notion de pays non alignés, entre 1945 et 1988 :
10. De même qu'à la notion de "pays non alignés", on pouvait alors objecter "non alignés sur qui ?", de même, à la notion de "principes non négociables", on devrait pouvoir objecter "non négociables avec qui ?", pour bien montrer la dangerosité potentielle d'une formulation qui refuse d'anathématiser "à l'ancienne" et qui croit pouvoir se faire comprendre davantage de nos contemporains en recourant à un vocable d'aujourd'hui.
C'est dans leur principe même que le capitalisme financiarisé, la mondialisation ultra-libérale, sont viciés et vicieux, et non uniquement de par leurs abus ou excès, qu'il serait possible d'humaniser ou de neutraliser, sans remettre en cause ce principe.
C'est cela et pas autre chose, ce qu'il convient d'anathématiser : l'intrinsèquement pervers d'aujourd'hui.
Le devoir m'appelle, je suis donc obligé de m'arrêter d'écrire.
Bonne journée.
Scrutator.