…et je vous prie de m’en excuser : il se trouve qu’une panne de réseau a paralysé tout un temps mon PC, dont j’ai dû restaurer le disque (merci Acronis !).
Vous posez la bonne question : saint Simon a-t-il été canonisé ou seulement béatifié ? La nuance est importante : l’Église n’est pas infaillible quand elle béatifie un de ses fidèles défunts, car en pareil cas elle ne porte pas encore une sentence définitive (contrairement aux canonisations, elle n’impose pas le culte du bienheureux à tous les fidèles).
Or, après un examen plus attentif, je dois reconnaître, à ma grande surprise, que les auteurs et les sites – pas seulement sédévacantistes : voyez par exemple ici et là – que j’ai eu le tort de croire sur parole lorsqu’ils parlent de la canonisation de saint Simon de Trente, n’apportent apparemment aucune preuve décisive à l’appui de leur affirmation.
Cela ne signifie pas que le Saint-Siège ne s’est jamais intéressé au cas du petit Simon. Son intervention la plus ancienne remonte au 10 octobre 1475, quand Sixte IV suspendit le culte populaire déjà rendu au jeune martyr, parce que selon lui rien de décisif n’avait encore été constaté à son sujet.
Plus tard, quand l’évêque de Trente, au terme d’un procès, reconnut le martyre de l’enfant, le commissaire pontifical institua un second procès, soutenant que l’évêque avait commis des irrégularités. Alors le Pape institua un troisième procès, à Rome, à l’issue duquel, sans encore autoriser le culte public, il proclama que le premier procès avait été mené correctement (“rite et recte”).
Un siècle plus tard (1584) Grégoire XIII inscrivait Simon dans le Martyrologium Romanum, et le 8 juin 1588, Sixte V autorisait le diocèse de Trente à rendre un culte public au petit martyr. Sa dernière manifestation officielle remonte au 8 mai 1955, lorsque l’évêque du lieu honora de sa présence une énorme procession en l’honneur de celui qui était encore le copatron de la ville de Trente.
Quant à la suppression du culte, la responsabilité en revient, semble-t-il, à Mgr Gottardi, évêque du lieu, par décret épiscopal du 28 octobre 1965, le jour même de la promulgation de Nostra Aetate : même si la coïncidence des dates est curieuse, il paraît impossible, là encore, de prouver que la responsabilité de Paul VI est directement engagée dans cette affaire.
Cette décision est-elle fondée ? Au vu de ce qui précède, je crois permis d’en douter, et je ne suis pas le seul. Le 10 novembre 1996, une manifestation de plusieurs milliers de personnes déploya devant la cathédrale de Trente une banderole portant l’inscription “Rendez-nous saint Simon”. La plupart des quotidiens italiens accordèrent une large place à l’événement. Les fidèles présents adressèrent à Mgr Igino Rogger, de la commission liturgique de la curie épiscopale de Trente, une lettre appuyant leur demande qui se terminait par ces mots : “Du haut de son petit nuage Simon remercie de tout cœur. Et promet des miracles”. Il faut dire que, tout comme sainte Philomène, la petite martyre si chère au curé d’Ars et également retirée du culte (1961), Simon demeure essentiellement populaire par le nombre des miracles dus à son intercession. Sans paraître ébranlé par le jugement épiscopal parlant de “faux culte” !...
V.
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