Je n'avais pas fait attention en son temps à ce message de ma grande amis Chouette qui reflète il me semble une opinion assez commune :
Quant aux critiques sur Solesmes versus celles de Marcel Peres, très franchement, je pense que l'école de Solesmes permet, sans comparaison, une véritable prière tant pour l'interprète que pour l'auditeur, ce qui n'est pas le cas chez Pérès.
Le grégorien n'est-il pas avant tout la prière de l'Eglise ? Par exemple, entre l'interprétation de Fontgombault et celle de Pérès, y'a pas photo....
On est là complètement dans l'idée reçue. Comment les gens qui ont tout le temps été bercé, non dans la pensée unique, mais dans la méthode unique, ce qui fut mon cas, peuvent se prononcer sur un monde qu'ils ne connaissent pas ?
Nous sommes dans un monde de traditions rompues. N'oublions pas que Solesmes est à l'époque de Dom Guéranger et pendant quelques dizaines d'années, dans une logique révolutionnaire, logique de rupture. Nous sommes aujourd'hui habitués à pas mal d'évolutions mais Solesmes c'était des démarches progressistes :
- Rejet des livres liturgiques locaux utilisés par les diocèses pour aller vers le rite romain.
- Rejet des ornements français pour aller vers les ornements gothiques.
- Rejet des méthodes des chantres de l'époque, perte d'une tradition musicale pourtant légitime avec des critiques acerbes.
Vision très romantique d'un chant grégorien pur, universel, venant d'une source unique idéalisée.
Nous ne sommes pas loin d'un certain archéologisme ni d'une démarche idéologique.
Dire aujourd'hui que les chants corses, que les méthodes de Marcel Pérès (car il ne pratique pas une méthode unique) portent moins à la prière, sans avoir baigné dedans ni surtout l'avoir pratiqué, c'est assez osé. Ca revient un peu à dire qu'on prie mieux dans une architecture classique que dans une architecture gothique ou romane. Je ne suis pas un grand mystique mais je vais quand même vous confier qu'il m'arrive aussi de prier quand je chante avec Marcel Pérès, et sans difficulté, au contraire.
Il y a eu sur France Musique il y a quelques jours une émission Le matin des musiciens avec l'Académie Vocale de Paris. Je ne vais pas dire que je ne peux pas prier dans une ambiance Solesmes. Mais quand même. D'un côté les musiciens de l'Académie avec des voix normales et de l'autre des voix éthérées, faussement désincarnées du choeur de moine. Ils sont pourtant pros d'un côté comme de l'autre puisque c'est la schola de Solesmes, donc les meilleurs qui répètent huit fois par jour... Et puis l'absence totale d'accentuation sur les mots latins par Solesmes m'ennuie beaucoup, ce n'est pas les successions de vagues, les arsis et thesis, mais plutôt un robinet d'eau délicieusement tiède. Le contraste est saisissant. Est-ce plus priant ? Mauvais argument.
On me dira aussi sans doute que la façon de chanter de Marcel Pérès est moins naturelle. A quoi je répondrai qu'elle demande du travail et personne ne niera que la méthode de Solesmes en demande aussi, peut-être davantage. Une fois cet investissement fait, ça fonctionne tout seul.
Je reprendrai aussi l'argument de l'abbé Belmont qui dit qu'à Bellaigue, où les moines ont une méthode qui n'est ni Pérès ni Solesmes, on ne prie pas. Si c'était le cas, je pense que tous les moines déserteraient vite, car comment supporter une vie de promiscuité et privations si le feu de la prière n'est pas là ?
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