Si vous vous donnez la peine de lire un peu dans les liens que j'ai donnés hier, vous y verrez quelques indications quant aux ajouts de Dom Mocquereau et à son système d'épisèmes verticaux.
Les notes losangées existent tout à fait dans les manuscrits diastématiques à partir du XIIe siècle et ne sont nullement un ajout de Solesmes pour clarifier quoi que ce soit. Quand, vers le XIIe siècle, on est passé de l'écriture caroline en ronde à l'écriture gothique, le biseau des plumes est devenu un peu plus large et les points que l'on trouve dans les manuscrits de
St Gall (ici le manuscrit de Hartker, vers l'an 1000 et considéré comme un des plus anciens antiphonaires notés) sont devenus des losanges, les neumes restant les mêmes.
En voici deux exemples : Manuscrit de Bénévent, XIIe-XIIIe s.
Manuscrit de Lucques, XIIe s (avec une seule ligne de portée)
Tout n'est pas compris quant aux signes dits "rythmiques" des manuscrits sangalliens, mais on a pu constater qu'ils semblent plus souvent expressifs que rythmiques. En tout cas, ils ne correspondent pas aux épisèmes verticaux de Dom Mocquereau.
En voici un exemple (Alleluia du Samedi dans l'octave de Pâques, p. 215 du Graduale triplex) :
Les neumes en rouge sont la copie du manuscrit 339 de St-Gall et comportent des signes rythmiques :
sur le "lu" de l'Alleluia (un A, je crois, vous m'excuserez de n'avoir pas trop le temps de retrouver la liste de ces signes et de vérifier);
dans la première moitié de la vocalise de l'Alleluia (T);
vers la fin de cette vocalise (deux c);
sur le "te" de Laudate (A ?);
sur le "pu" de pueri (c);
sur le "num" de Dominum (c);
sur le "da" de la vocalise du 2ème laudate (deux c);
sur le "men" du nomen (r?);
sur la vocalise du "ni" de Domini (T).
Quand aux épisèmes verticaux de Dom Mocquereau, on les trouve :
sur la note losangée certainement non-accentuée du premier neume du "ia" de l'Alleluia;
sur la première note du "te" de Laudate, encore une fois, une syllabe non-accentuée de la langue latine.
Dans les deux cas, ils n'ont rien à voir ni avec les signes dits rythmiques, ni avec le rythme naturel du texte latin.
Ne pas confondre les deux épisèmes des salicus de "nomen" et de "Domini" qui sont la deuxième note (où l'on devrait rebondir et non s'écraser) de ces neumes.
En conclusion, sans rien vouloir enlever du mérite des moines de Solesmes pour la restauration du chant grégorien, pour lequel ils ont beaucoup fait, les théories de Dom Mocquereau n'étaient ni scientifiques ni musicales et n'ont souvent servi qu'à compliquer de manière outrancière la manière de chanter du grégorien en passant totalement à côté de l'expressivité des textes intimement liés aux mélodies.
Sur ce, ceux qui veulent continuer à s'échiner sur les ictus et à tout décortiquer en arsis et en thesis, pour un résultat que le commun des mortels n'entend pas, sont bien libres de le faire. Pour ma part, je pense que vivre les textes et donner de la direction aux mélodies est beaucoup plus efficace et convaincant. Point n'est besoin d'y ajouter des sons gutturaux pour "faire médiéval" comme certains (suivez mon regard ...). Par contre, des ornements bien exécutés, avec beaucoup de souplesse sont les bienvenus.
Je laisse ceci à votre réflexion,
Amicalement
Balbula
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