Cher Peb,
Je saisis la cohérence de votre pensée: nous avons les princes et les prélats que nous méritons et, sans les élire, nous sécrétons nos chefs à travers notre mentalité.
Un seul point de désaccord:Charles VI était dit "fou" et non handicapé mental. (J'emploie ce terme de "fou" avec précaution, attendu que l'Évangile nous enseigne à ne traiter personne d'"imbécile" et encore moins de "fou"). Il y avait donc entre Charles VI et le prince François enterré aujourd'hui la différence qu'il y a entre un malade psychique et un malade mental, comme on dit dans notre langage volontiers pathologique.
Je vais encore faire un détour. J'ai souvent regretté que le choix des futurs prêtres opéré, en particulier par le cal Lustiger dans le diocèse de Paris, ne reconnût comme ayant les aptitudes requises que de jeunes hommes bien sous tous rapports, BCBG, issus de milieux favorisés, particulièrement intelligents et sortant de centrale ou de polytechniques.
En 1986, j'ai fait la connaissance d'un jeune homme particulièrement dévoué à maintes œuvres de miséricorde, et qui connaissait la rue comme un saint benoît Labre, à qui mgr Rouet voulait conférer le sacrement de l'Ordre. Mgr rouet s'intéressait particulièrement au diaconat comme "ministère", non seulement du seuil, mais "de la porte" devant s'exercer à l'extérieur de l'Église. Je l'ai entendu prodiguer cette manière de voir lors d'une homélie qu'il prononçait à Saint-Sulpice lors de l'ordination d'un diacre. Finalement, des autorités supérieures à celle de mgr Rouet refusèrent à mon ami de devenir diacre et peut-être prêtre. Il en mourut littéralement, puisqu'il mit fin à ses jours.
Quand j'ai évoqué, non pas cette histoire, mais la possibilité d'ordonner des pauvres dans ce que le pape d'alors n'appelait pas encore "une Église de pauvres pour les pauvres", le P. Francis Wollf, qui officiait à "radio courtoisie" le jour où j'envoyais ce message, s'est récrié: "Mamamilla!" Eh bien je crois qu'il se trompait et que tous ceux qui ne désirent voir le handicap que comme le signe visible de l'acceptation condescendante d'une vie qui pèse à celui qui l'assume et à ceux qui la prennent en charge, ne font pas assez confiance à la qualité de cette vie. J'en veux pour preuve le diaconat de Jean-Christophe Parisot et d'une autre personne rencontrée à Lourdes lors d'une session malheureusement intitulée "Personnes avec un handicap, passionnément vivants", qui avouait être devenu diacre après ou malgré une tentative de suicide. Notre époque de fragilité a besoin de ministres fragiles dans cette Église, hôpital de campagne, qui doit bien plus prodiguer des consolations que des normes morales. Un ministre fragile est le contraire d'un ministre rigide, ce malade qui s'ignore et qui, d'après le pape, s'enrôle dans une institution gardienne de l'ordre et de la morale comme la police, la justice, l'armée ou l'Église, où il commence par donner entièrement satisfaction avant que sa maladie ne se déclare, une fois qu'il a les coudées franches, étant sûr de ne plus être récusé. (Vous vous présentez souvent comme le "moderno" de service. Pour le coup, je vais être le seul franciscain ou le seul bergoglien.)
Dans le cas qui nous occupe, le prince François aurait pu être le roi en titre et le prince Jean le régent. Cela aurait replacé la fonction royale dans l'optique du ministère et, j'ose le dire, cela aurait corrigé l'espèce de vanité qu'on ressent chez le prince Jean, vanité qu'a aggravé, s'il est atteint de ce mal comme l'apparence me le fait présumer, le favoritisme dont il a fait l'objet de la part de son grand-père, au détriment de son propre père et de ses frères.