Les prétentions des Orléans refont aujourd'hui surface sur le Forum. Je ne sais si Alexandre se fait leur avocat; une chose est certaine: il aurait dû lire avec attention le contenu de l'article du Dauphiné qui pousse le bouchon un peu loin, au risque de heurter la réalité historique, en affirmant que les Orléans sont les derniers descendants des rois de France. L'auteur de l'article connaît-il précisément les derniers rois de France: Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, Louis XVIII et Charles X?
Louis-Philippe n'est que Roi des Français parce qu'il a accepté ce titre, le 9 août 1830, jour où il déclara "accepter sans restriction ni réserve les clauses et engagements" contenus dans la Déclaration qui émanait de la Chambre des Députés. Certes, Louis XVI devint sous la pression du peuple de Paris et de l'Assemblée Constituante le premier Roi des Français, mais il se succédait à lui-même. Le Roi de France de 1789 devenait quelques mois plus tard roi des Français. Les Constituants, en 1791, n'entendaient pas remettre en cause les droits de la dynastie régnante, il s'agissait pour eux - et c'est déjà beaucoup - de "subordonner l'accès au trône à l'acceptation par le roi d'un contrat, contrat passé entre le souverain et la nation représentée par ladite assemblée".
Les historiens du règne de Charles le Chauve, petit fils de Charlemagne, ne sont pas surpris par cette notion de monarchie contractuelle, puisque les Grands (prélats et laïcs) imposèrent au dernier des fils de Louis le Pieux, en délicatesse avec ses frères, Lothaire et Louis le Germanique, une convention, "convenentia", lors des accords de Coulaines (843). Pour sauver encore une fois son trône menacé par Louis le Germanique, Charles le Chauve, roi de Francia occidentalis, s'engage à Quierzy, en mars 858, "comme un roi fidèle, par droit, doit honorer et procurer le salut à ses fidèles, à conserver à chacun la loi et le droit qui lui convient." Et cette notion de monarchie contractuelle, une royauté qui voit se jouer un jeu subtil entre le roi et ses Grands, durera encore, des décennies après l'accession au trône du robertien Hugues Capet.
Louis-Philippe, lui, se substitue, au terme des journées révolutionnaires de l'été 1830, à un autre roi, renversé par l'émeute populaire. Son cousin, Charles X, est renversé. Une nouvelle dynastie se met en place. Elle ne durera que 18 ans... Il était le descendant du frère de Louis XIV, Philippe duc d'Anjou, puis d'Orléans(1640-1701); il eut également comme ancêtres plus proches le régent, Philippe d'Orléans et le tyrannicide Louis-Philippe Joseph d'Orléans. L'actuel Louis XX, chef de la Maison de France, descend du petits-fils de Louis XIV, Philippe duc d'Anjou, le futur roi d'Espagne, Philippe V; ce qui suffit, selon le droit dynastique français, à placer Louis XX devant les Orléans dans l'ordre de succession au trône de France.
On lira avec profit deux articles de Guy Augé, reproduits sur le site Vive le Roy. Je vous y renvoie. "Guy Augé (1938-1994), docteur en droit, diplômé en science politique et licencié es lettres, maître de conférences à l’Université de Paris II, était un spécialiste de l’histoire du droit, des institutions et des idées politiques. Grâce à ses nombreux travaux, mais aussi à l’ensemble de ceux qu’il a suscités et dirigés dans le cadre de ce qui était pour lui un véritable apostolat professionnel, il était unanimement reconnu comme le meilleur connaisseur du légitimisme contemporain et son plus fin, plus rigoureux et plus scrupuleux historien."
brève note sur le droit royal historique français et Du légitimisme à la légitimité