1) Ce que vous rappelez a trait à une controverse sur le point de savoir quelle est la matière du sacrement de l'ordre ?
Que la matière du sacrement de l’Ordre soit l’imposition des mains de l’Evêque a été rappelé par le Pape Pie XII le 30 novembre 1947 dans la Constitution apostolique "Sacramentum Ordinis".
Cependant, le Pontifical romain avait longtemps contenue une rubrique recommandant à l’Evêque de bien veiller, lors de l’ordination d’un prêtre, à ce que celui-ci touche le calice et la patène, comme condition d’impression du caractère sacerdotal. Ce rituel s’appelle « tradition des instruments » (« tradition » venant du latin « tradere », ce qui veut dire « transmettre ») ou « porrection de instruments ». Le Concile de Florence (1439 – 1445) avait en effet défini que c’était bel et bien cette partie de la cérémonie qui faisait de l’Ordinand un prêtre.
Paul VI affirme donc dans la constitution apostolique "Pontificalis Romani" que vous citez, que la matière du sacrement de l'ordre et donc également de la consécration épiscopale, est l'imposition des mains en silence sur la tête de l'élu !
2) Mais la controverse ne se limitait pas à la matière. Elle concernait aussi la forme et l'intention.
Suite aux controverses concernant le rite de consécration des évêques promulgué par Paul VI en 1968, le Père Pierre-Marie OP, dominicain d’Avrillé, a publié un long article en faveur de la validité du nouveau rite dans la revue "Le Sel de la Terre" n° 54 (automne 2005).
Sa conclusion est la suivante :
"Nous pensons avoir montré que les raisons de douter de la validité du nouveau rite de l’ordination épiscopale, tel qu’il a été promulgué par Rome en 1968, n’ont rien de sérieux.
Par ailleurs, on ne saurait remettre en cause la validité de ce nouveau rite sans remettre en cause la validité de plusieurs rites orientaux reconnus depuis toujours dans l’Église.
Cela dit, comme nous le notions à la fin de la « Réponse à la question » (p. 105), si le nouveau rite « en soi » est valide, il est fort possible que dans certains cas particuliers, suite à de mauvaises traductions, ou à une adaptation du rite qui s’éloignerait grandement de l’original, ou encore à un défaut d’intention du célébrant, nous ayons dans tel ou tel cas une cérémonie invalide".
3) L'intention et le cas des ordinations anglicanes
Le problème des Anglicans n'est pas, à l'origine, lié à la validité de leur lignée épiscopale (à l'origine au moins, elle était valide), mais à leur conception de l'eucharistie et donc, en conséquence, du sacrement de l'eucharistie et, en conséquence, du sacrement de l'ordre. Or, cette conception n'a pas changé et rend "ipso facto" invalides leurs ordinations et sacres épiscopaux.
Léon XIII affirme, en effet, dans la Lettre apostolique "Apostolicae curae" du 13 septembre 1896 que le serment d'ordination historiquement prononcé par les Anglicans ne correspond pas à la définition de ce qu'est un prêtre. Ainsi, les Anglicans ont longtemps omis d'affirmer que le pouvoir sacerdotal est le pouvoir de « consacrer et d'offrir le Vrai Corps et le Vrai Sang du Seigneur ». Selon le pape, les Anglicans ont préféré reléguer la célébration eucharistique sur le plan commémoratif pour se situer délibérément à distance de la doctrine traditionnelle de l'Église catholique.
Vu que l'ordinal anglican de consécration épiscopale est de la même forme que celui des prêtres, les évêques anglicans ont une ordination tout aussi invalide, même si la lignée épiscopale utilisée pour les consécrations est valide. Dans la tradition liturgique, l'épiscopat n'est pas distinct du sacrement de l'ordre, dont il est le degré suprême.
Ce n'est pas seulement la validité de la lignée épiscopale qui rend les ordinations valides, mais c'est aussi, bien entendu, la conception de l'eucharistie et donc du sacrement de l'ordre !
Fausse conception de l'eucharistie, donc fausse conception du sacrement de l'ordre, donc invalidité des ordinations et des sacres ! Et c'est vrai que le NOM, le prêtres et les évêques NOM ont souvent une conception de l'eucharistie assez proche de celle des anglicans.