Bonjour et merci, Roger,
Le Concile Vatican II n'est certes pas la première rupture, dans l'histoire de l'Eglise, mais est la première rupture qui a cette nature et ce volume, ou cette ampleur et cette portée.
Ce Concile a rendu possible la consécration doctrinale intra-conciliaire, et surtout, j'en conviens, la consécration pastorale post-conciliaire (dès 1965, et non à partir de 1968) d'un détournement de finalité du mouvement liturgique et d'un détournement de finalité du renouveau patristique qui ont commencé à se déployer au moins vingt ans avant la clôture du Concile, et qui ont commencé à fonctionner à l'anti-tridentinisme dès le milieu du XXeme siècle, ce dont Pie XII avait bien conscience, d'où Médiator Dei et Humani generis.
Voici une autre manière de dire la même chose : des changements et de la diversité, il y en a déjà eu, dans l'histoire de l'Eglise : considérez l'histoire de la théologie catholique, et vous constaterez qu'il y a déjà eu bien des ruptures, des mouvements vers l'avant qui n'ont pas été compris en leur temps, ou des retours en arrière qui sont restés sans lendemains apparents, etc., tout au long du déploiement de chacune des principales composantes de la Tradition.
Dans ce contexte, force est de constater que le Concile Vatican II a débouché, dans les faits, sur l'apparition d'un néo-catholicisme non seulement anti-tridentiniste, mais aussi anti-traditionnel, ce dont Balthasar, Bouyer, Fessard, Journet, Daniélou, de Lubac, Maritain ont tous eu plus ou moins conscience, dans les années 1960-1970. Aucun d'entre eux n'est "intégriste".
Or, posons-nous un instant la question de savoir s'il est aussi contraire qu'on le dit souvent, à l'esprit et à la lettre du Concile, que les hommes d'Eglise responsables du Concile et du premier après-Concile aient refusé de donner une orientation orthodoxiste ad intra et intransigeante ad extra à Dei verbum et à Lumen gentium, si tant est qu'il soit possible de donner cette orientation à ces textes.
Le remplacement "soixante-deuxard" de l'ecclésiologie controversiste, propice à un positionnement assez souvent anti-protestant, anti-libéral et anti-moderniste, par une ecclésiologie consensualiste, porteuse d'un positionnement presque toujours complaisant et connivent, en direction des confessions chrétiennes non catholiques, des religions non chrétiennes et de telle théologie moderniste, n'est pas une mince affaire, et je doute fort qu'une technique d'interprétation permettre de produire une motion de synthèse radicale-socialiste, pour ainsi dire.
Bon dimanche.
Scrutator.