Mgr Viganò: Nous devons la Pachamama à Dignitatis humanae... par Chicoutimi 2020-06-18 07:01:13 |
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et le document d'Abou Dhabi nous le devons à Nostra Aetate. C'est ce qu'affirme Mgr Viganò dans un texte critique par rapport à Vatican II, publié par le site Benoît-et-moi ainsi que sur le blog de Jeanne Smits, qui nous fait le constat suivant: ''Ne pas reconnaître les racines de ces déviations dans les principes fixés par le Concile rend toute guérison impossible.''
Je trouve le texte très intéressant, et j'avoue que le pontificat bergoglien m'a personnellement amené à me déplacer dans mon rapport au Concile. Sans le rejeter complètement, je ne pense plus que le problème du Concile est uniquement un problème d'interprétation. Je pense que dans les textes eux-mêmes il y a un problème (''équivocités'', ''ambiguïtés'' et même ''nouveautés''), et il faudra bien un jour que l'Église éclaircisse tout cela. Et vous, avez-vous une approche différente sur ce sujet depuis le début du pontificat de François?
Dans son texte, Mgr Viganò soulève le fait que ''les tentatives visant à corriger les excès du Concile – en invoquant l’herméneutique de la continuité – ont abouti à une faillite''.
Faut-il maintenant considérer ''l'herméneutique de la continuité'' comme un objectif louable mais impossible? Et si oui, ne faut-il pas ''remercier'' le pontificat de François d'avoir montré cette impossibilité d'inscrire Vatican II dans la continuité? En un certain sens, peut-on dire que Jean-Paul II et Benoît XVI ont tenté de ''sauver'' le Concile en voulant le lire dans la ''continuité'', alors que François aura réussi à le dévoiler dans tout ce qu'il peut comporter de néfaste en terme de ''rupture''?
Mgr Viganò ajoute également ceci: ''Et nous savons très bien que le but de ces initiatives œcuméniques et interreligieuses n’est pas de convertir au Christ ceux qui sont loin de l’unique Église, mais de tromper et de corrompre ceux qui conservent encore la Foi catholique, les amenant à considérer comme souhaitable une grande religion universelle qui rassemblerait « dans une seule maison » les trois grandes religions abrahamiques : c’est le triomphe du plan maçonnique en préparation du règne de l’Antéchrist!''
Êtes-vous d'accord avec cette interprétation de Mgr Viganò? Le lien menant à ce texte avait déjà été posté par AVV-VVK ICI mais je suis surpris que le texte n'ait pas fait réagir plus que cela. Mgr Viganò, un nouveau Mgr Lefebvre? En tout cas, son (re)positionnement par rapport à Vatican II mérite certainement d'être pris en considération dans la réflexion actuelle.
Voici donc quelques extraits de ce texte, mais il faut le temps de le lire en entier (si ce n'est déjà fait):
Mgr Carlo Maria Vigano s'exprime sur le Concile Vatican II
15/06/2020
''(...) Si la Pachamama a pu être vénérée dans une église, nous le devons à Dignitatis humanae. Si nous avons une liturgie protestante et parfois même paganisée, nous le devons aux actions révolutionnaires de l’évêque Annibale Bugnini et aux réformes post-conciliaires. Si nous avons signé le document d’Abou Dhabi, nous le devons à Nostra Aetate. (...)
Le Concile a été utilisé pour légitimer, dans le silence de l’Autorité, les déviations doctrinales les plus aberrantes, les innovations liturgiques les plus audacieuses et les abus les plus éhontés. Ce Concile a été tellement exalté qu’il a été indiqué comme la seule référence légitime pour les catholiques, les clercs et les évêques, obscurcissant et connotant avec un sentiment de mépris la doctrine que l’Église avait toujours enseignée avec autorité, et interdisant la liturgie pérenne qui, pendant des millénaires, avait nourri la foi d’une génération ininterrompue de fidèles, de martyrs et de saints. Entre autres choses, ce Concile s’est avéré être le seul à poser autant de problèmes d’interprétation et à présenter autant de contradictions par rapport au Magistère précédent, alors qu’il n’y en a pas un – du Concile de Jérusalem à Vatican I – qui ne s’harmonise pas parfaitement avec l’ensemble du Magistère et qui nécessite quelques interprétations.
Je l’avoue avec sérénité et sans polémique : j’ai été l’un de ceux qui, malgré de nombreuses perplexités et craintes, qui s’avèrent aujourd’hui tout à fait légitimes, ont placé leur confiance dans l’autorité de la Hiérarchie avec une obéissance inconditionnelle. En réalité, je pense que beaucoup, et moi parmi eux, n’ont pas initialement envisagé la possibilité d’un conflit entre l’obéissance à un ordre de la Hiérarchie et la fidélité à l’Église elle-même. Ce qui a rendu tangible la séparation contre-nature, voire perverse, entre la Hiérarchie et l’Église, entre l’obéissance et la fidélité, c’est certainement ce dernier pontificat.
(...) le 13 mars 2013, le masque des conspirateurs est tombé, enfin libérés de la présence gênante de Benoît XVI et fiers d’avoir enfin réussi à promouvoir un cardinal qui incarnait leurs idéaux, leur façon de révolutionner l’Église, de rendre sa doctrine dépassable, sa morale adaptable, sa liturgie adultérable, sa discipline abrogeable. Et tout cela a été considéré, par les protagonistes du complot eux-mêmes, comme la conséquence logique et l’application évidente de Vatican II, selon eux affaibli précisément par les critiques exprimées par Benoît XVI lui-même.
Le plus grand affront de son pontificat a été la libéralisation de la vénérable liturgie tridentine, à laquelle la légitimité a finalement été reconnue, niant cinquante ans d’ostracisme illégitime. Ce n’est pas un hasard si les partisans de Bergoglio sont les mêmes qui voient dans le Concile le premier événement d’une nouvelle église, avant laquelle il y avait une ancienne religion avec une ancienne liturgie. Ce n’est pas un hasard : ce qu’ils affirment impunément, suscitant le scandale des modérés, c’est ce que les catholiques croient aussi, à savoir que malgré toutes les tentatives d’herméneutique de la continuité misérablement anéanties lors de la première confrontation avec la réalité de la crise actuelle, il est indéniable que depuis Vatican II, une église parallèle s’est formée, superposée et opposée à la véritable Église du Christ. Elle a progressivement occulté l’institution divine fondée par Notre Seigneur pour la remplacer par une entité fallacieuse, correspondant à la religion universelle souhaitée, dont la Franc-maçonnerie a été le premier théoricien. (...)
Ce que nous entendons depuis des années, de façon vague et sans connotations claires, de la plus haute Chaire, nous le trouvons ensuite élaboré dans un véritable manifeste chez les partisans du présent Pontificat : la démocratisation de l’Église par le biais non plus de la collégialité inventée par Vatican II, mais de la voie synodale inaugurée au Synode pour la Famille; la démolition du sacerdoce ministériel par son affaiblissement, avec les exceptions au célibat ecclésiastique et l’introduction de figures féminines aux fonctions quasi-sacerdotales; le passage silencieux de l’œcuménisme visant les frères séparés à une forme de pan-œcuménisme qui abaisse la Vérité du Dieu Un et Trine au niveau des idolâtries et des superstitions les plus infernales; l’acceptation d’un dialogue interreligieux qui présuppose le relativisme religieux et exclut l’annonce missionnaire; la démythisation de la papauté, poursuivie par Bergoglio lui-même en tant que marque du pontificat; la légitimation progressive du politiquement correct: théorie du genre, (gender) sodomie, mariages homosexuels, doctrines malthusiennes, écologisme, immigrationnisme… Ne pas reconnaître les racines de ces déviations dans les principes fixés par le Concile rend toute guérison impossible : si le diagnostic s’obstine contre l’évidence à exclure la pathologie initiale, il ne peut formuler une thérapie adaptée.
Cette opération d’honnêteté intellectuelle exige une grande humilité, tout d’abord pour reconnaître que nous avons été induits en erreur pendant des décennies, en toute bonne foi, par des personnes qui, constituées en autorité, n’ont pas su veiller et garder le troupeau du Christ : certains pour vivre tranquilles, d’autres par excès d’engagements, d’autres par commodité, d’autres enfin par mauvaise foi ou même par malice. Ces derniers, qui ont trahi l’Église, doivent être identifiés, repris, invités à s’amender et, s’ils ne se repentent pas, jetés hors de l’enceinte sacrée. Ainsi agit un vrai berger, qui prend soin de la santé des brebis et donne sa vie pour elles ; nous avons eu et nous avons encore trop de mercenaires, pour qui le consensus des ennemis du Christ est plus important que la fidélité à son Épouse.
Tout comme j’ai obéi honnêtement et sereinement à des ordres douteux il y a soixante ans, croyant qu’ils représentaient la voix aimante de l’Église, de même aujourd’hui, avec autant de sérénité et d’honnêteté, je reconnais que je me suis laissé tromper. Être cohérent aujourd’hui en persévérant dans l’erreur serait un choix malheureux et ferait de moi un complice de cette fraude. Prétendre dès le départ à une clairvoyance de jugement ne serait pas honnête : nous savions tous que le Concile serait plus ou moins une révolution, mais nous ne pouvions pas imaginer qu’il s’avérerait si dévastateur, même pour ceux qui étaient censés l’empêcher. Et si jusqu’à Benoît XVI on pouvait encore imaginer que le coup d’État de Vatican II (que le cardinal Suenens a appelé le 1789 de l’Église) avait ralenti, ces dernières années même les plus naïfs d’entre nous ont compris que le silence, par crainte de provoquer un schisme, la tentative d’ajuster les documents pontificaux au sens catholique pour remédier à l’ambiguïté souhaitée, les appels et les doutes adressés à François, éloquemment laissés sans réponse, sont une confirmation de la situation d’apostasie très grave à laquelle sont exposés les dirigeants de la Hiérarchie, alors que le peuple chrétien et le clergé se sentent irrémédiablement écartés et considérés presque avec agacement par l’épiscopat. (...)''
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