Dans toutes les affaires qui souillent l'Eglise catholique depuis des mois, sinon des années, le pape François dénonce le cléricalisme à l'oeuvre. Une stupidité de plus pour le premier jésuite élevé sur le trône de Saint Pierre: cet ordre des Jésuites n'a pas encore fini de sévir à l'intérieur de l'Eglise...
Quant au pape émérite, il rattache les abus sexuels des prêtres et religieux à l'esprit de libération des années 60. Pourquoi pas? Encore faudrait-il que ces abus ne soient pas répertoriés avant le début des années 60.
On nous cite dans ce post l'ouvrage de Guillaume Cuchet; je me permettrais de citer un ouvrage passé inaperçu dans nos milieux, celui de Martine Sevegand, vers une église sans prêtres. La crise du clergé séculier en France (1945- 1978), ouvrage paru aux Presses Universitaires de Rennes en 2004.
Cette étude se réfère notamment aux études du chanoine Boulard.
"Le rapport de 1962 constate, à partir de l'étude de 400 dossiers, que 'la très forte majorité des départs se fait entre 30 et 39 ans'. Constatant une courbe identique des divorces en France, le rapport conclut qu'il s'agit sans doute, pour les uns et pour les autres, d'une crise de maturité.
Les rapports de 60 et 62 s'intéressent aussi à l'âge de l'ordination. ce tableau révèlent l'influence néfaste des ordinations d'hommes trop jeunes.
Si l'on regarde de plus près le rapport des "cas douloureux" dans 21 diocèses pour les années 1960-1962, voilà ce qu'on peut observer:
L'on remarquera d'entrée de jeu qu'il met en parallèle les difficultés qui ont abouti à des défections et celles qui ne débouchent pas sur l'abandon du ministère.
Sur 421 prêtres qui ont abandonné le ministère:
310 l'ont fait pour avoir contracté un mariage civil,
19 parce qu'ils sont homosexuels,
33 pour fornication,
65 pour concubinage
26 pour alcoolisme
38 pour désobéissance.
le total des "Contra mores" atteint 85,2% des abandons et celui des homosexuels 4.5%.
Celui des prêtres problématiques qui n'ont pas abandonné le ministère offre des résultats encore plus intéressants:
325 cas recensés dont
58 alcooliques
157 cas d'homosexualité (en 1960 le rapport précise que 103 cas, "surtout pédérastie mais 31 avec adultes"; le tout représente 48,3 % des cas "douloureux" restés dans l'Eglise !!!
109 cas de fornication (33,5 % de l'ensemble)
3 concubinaires
Le total des "Contra mores" s'élève dans la catégorie des prêtres qui n'ont pas abandonné leur ministère 80%.
Conclusions de l'auteur:
" La prépondérance des problèmes d'ordre sexuel est éclatante (82,9 % des cas sans distinction d'abandon ou non); mais il est bien intéressant de constater les conséquences différentes selon la nature du "délit". Tandis que le concubinage débouche toujours sur le mariage civil et l'abandon du ministère, l'homosexualité et la fornication s'accompagnent dans la plupart des cas d'un maintien dans la fonction cléricale."
Les cas d'homosexualité "représentent, si l'on additionne abandon et sans abandon, 23,5 % des prêtres recensés en difficulté. L'homosexualité est donc un véritable fléau , d'autant plus lourd dans le clergé que, dans 89,2 % des cas, il n'y a pas abandon. ce qui signifie aussi que, dans la plupart des cas, l'homosexualité n'est pas sanctionnée par la hiérarchie catholique, du moins pas par une exclusion du ministère. On notera aussi que le classement adopté par les enquêteurs ne distingue qu'en note, et dans le seul rapport de 1960, entre homosexualité avec adultes et pédérastie pour, d'ailleurs, signaler la prépondérance de cette dernière: 31 cas seulement avec adultes d'au moins 16 ans sur 116 comptabilisés en 1960...
Le souci de conserver le plus grand nombre de prêtres possible apparaît ainsi comme la préoccupation dominante. A contrario, la pédérastie serait donc moins douloureuse puisqu'elle ne débouche pas sur une rupture juridique ! la logique ecclésiastique a des raisons que la morale ordinaire ne connaît pas.
Le chanoine Boulard s'est intéressé aux fonctions de ces prêtres homosexuels. sur 106 cas déterminés, il relève 20 professeurs, 16 vicaires de ville, 51 curés de petites paroisses...
Si l'on s'intéresse maintenant à l'âge des prêtres qui s'adonnent aux délits 'contre mores', on constate que l'âge dominant se situe entre 30 et 39 ans mis, dans les cas de pédérastie, puisqu'il n'y a que très peu d'abandon, la crise se prolonge entre 40 et 49 ans.
De surcroît, Boulard note, dans son rapport de 1960, un accroissement, au fil des ans, des cas d'homosexualité (et pédérastie) ainsi que de fornication" (p. 93-96).
"Déjà en 1956, Mgr de Bazelaire, évêque de Chambéry et responsable du Secours sacerdotal, organisme qui se proposait de venir en aide aux prêtres en difficulté - soit en les mettant en règle, soit en évitant qu'ils ne fassent scandale - énumérait dans l'ordre: les prêtres ayant des relations avec des femmes, les alcooliques, les 'prêtres victimes d'habitude de pédérastie ou d'homosexualité' (on notera ici que ces prêtres sont des victimes !!!), les prêtres au jugement faux qui sont plus ou moins ne rébellion contre l'autorité de leur évêque, enfin les prêtres ayant perdu plus ou moins la foi qui troublent celle des fidèles.
A travers les recommandations données apparaissent deux grandes préoccupations de la hiérarchie catholique: éviter le scandale public et atténuer la responsabilité du prêtre mis en cause. En cas de délit, on recommandait d'abord, en effet, de 'poser en principe que le coupable a agi sous l'empire de la démence', qu'il faut donc, en première précaution, le faire examiner sur le plan psychiatrique et, par conséquent, le faire entrer dans une maison de santé; ensuite, il était recommandé de prendre contact avec le Parquet ' pour voir s'il y des possibilités d'arranger l'affaire'; enfin, 'quand quelqu'un est arrêté, il faut en toute hypothèse demander un examen mmental qui puet permettre de trouver des raisons d'atténuer sa responsabilité et peut-être même une excuse absolutoire" (p. 71 de l'ouvrage cité).
A quoi bon continuer? Les chiffres parlent d'eux-mêmes, les constats qui sont faits en 1956, en 1960 et 1962 sont limpides: l'homosexualité et la pédérastie ne sont pas un fruit du concile Vatican II, pas plus que le résultat d'un esprit de libération des années 60. Un fruit du modernisme ? Vous plaisantez ! jejomeau; je l'espère. S'il faut voir dans ces abus sexuels une conséquence du modernisme, comment expliquer que les communautés traditionnelles, pourtant à l'abri du poison moderniste, ont connu un certain nombre de cas d'homosexualité et, ce qui est encore plus grave, de pédophilie... Et, là, certains vont crier au complot, à la dénonciation calomnieuse.