un tantinet sarcastique, comme je m'y essaie régulièrement peut-être avec moins de talent que le fameux militant dominicain d'un oecuménisme extrême qu'il est.
Nous avons ici un programme de "réforme" qui reprend le gros de l'ecclésiologie "réformée" contemporaine, cette fois protestante libérale. On garde certes des "oripeaux" catholiques - pape, évêques, prêtres, ordres religieux - mais réduits à être des "ministres" dans une logique de sacerdoce universel luthéro-protestante. En éradiquant le sacerdoce et en usant d'une vision loisyste de la Tradition, on arrivera à faire une "Église chrétienne unie", un Volapük "chrétien" aussi utile que l'est le Conseil oecuménique des Églises (sarcasme).
Je note le sens particulier que le savant Père donne à une théologie du peuple de Dieu qui, selon lui et bien d'autres, aurait périmé - par quelle théophanie ? - 1964 années de christianisme.
Et puisqu'il cite Lumen Gentium, la constitution sur l'Église de Vatican II, citons la à notre tour pour montrer combien notre théologien dominicain se rit de points fondamentaux du dogme grâce à ses prouesses de trapéziste hors pair en rhétorique ecclésiastique :
- au n°6 : la première image de l'Église que donne le Concile est celle-ci : "L’Église, en effet, est le bercail dont le Christ est l’entrée unique et nécessaire (Jn 10, 1- 10). Elle est aussi le troupeau dont Dieu a proclamé lui-même à l’avance qu’il serait le pasteur (cf. Is 40, 11 ; Ez 34, 11s.), et dont les brebis, quoiqu’elles aient à leur tête des pasteurs humains, sont cependant continuellement conduites et nourries par le Christ même, Bon Pasteur et Prince des pasteurs (cf. Jn 10, 11 ; 1 P 5, 4), qui a donné sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10, 11-15). "
Chacun aura noté que quand le Père Legrand se moque de saint Pie X, au nom de sa théologie du peuple de Dieu à lui, il piétine allègrement Lumen Gentium 6 et le concile Vatican II qui redit exactement ce qu'écrivait Pie X ! Caramba Vatican II reprend Pie X et la Bible simplement.
- au n°7 ... "Dans l’édification du Corps du Christ règne également une diversité de membres et de fonctions. Unique est l’Esprit qui distribue des dons variés pour le bien de l’Église à la mesure de ses richesses et des exigences des services (cf. 1 Co 12, 11). Parmi ces dons, la grâce accordée aux Apôtres tient la première place : l’Esprit lui-même soumet à leur autorité jusqu’aux bénéficiaires des charismes (cf. 1 Co 14). "
Patatras la démonstration du bon Père encore par terre : décidément Vatican II est toujours en accord avec Pie X et la Bible.
- et pour enfoncer le dernier clou sur le cercueil de la fumeuse théorie démocratique du peuple de Dieu, ajoutons ceci au n°8 :
"C’est là l’unique Église du Christ, dont nous professons dans le symbole l’unité, la sainteté, la catholicité et l’apostolicité [12], cette Église que notre Sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu’il en soit le pasteur (Jn 21, 17), qu’il lui confia, à lui et aux autres Apôtres, pour la répandre et la diriger (cf. Mt 28, 18, etc.) et dont il a fait pour toujours la « colonne et le fondement de la vérité » (1 Tm 3, 15). Cette Église comme société constituée et organisée en ce monde, c’est dans l’Église catholique qu’elle subsiste, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui [13], bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent hors de sa sphère, éléments qui, appartenant proprement par le don de Dieu à l’Église du Christ, portent par eux-mêmes à l’unité catholique. "
Zut alors, pas de chance : la théorie du Père Legrand démentie 3 fois (et plus encore) par Vatican II, Lumen Gentium qui reste en accord avec saint Pie X et la Tradition et la Bible.
Vous voyez pourquoi ce concile Vatican II est bien traditionnel et qu'il faut s'affranchir de lui, comme le fait ici le P. Legrand, ou en prendre de minuscules fragments séparés de leur contexte en leur prêtant un sens qu'ils n'ont pas pour justifier le Volapük oecuménique auquel rêve toujours notre éminent Dominicain écrivant dans une revue jésuite, c'est dire jusqu'à quelle extrémité va son oecuménisme.
ps. Pour être juste, le P. Legrand - dont j'admire la science sans aucun sarcasme ni moquerie car elle est réelle bien que souvent mal employée - a bien voulu participer à plusieurs réunions de feu le GREC si bien que son oecuménisme embrasse effectivement, au plan pastoral au moins, toutes les sensibilités au sein du christianisme : le traditionalisme n'étant pas celle qu'il préfère on l'aura compris.