Le "jeu des alliances", tarte à la crême par laquelle on tente d'expliquer la Première Guerre mondiale.
Mais les alliances, lorsqu'elles aboutissent à un équilibre des puissances militaires, ont plutôt l'effet inverse : elles dissuadent d'entrer dans le conflit.
On a imprimé tant qu'on a pu dans les mémoires cette carte montrant la "triple alliance et la "triple entente", qui figure dans tous les livres d'histoire.
La triplice existait bien, mais que dire de sa solidité : entre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, elle était à sens unique. Quant à l'Italie, elle n'est pas entrée en guerre en 1914 puis a rejoint l'autre camp.
La triple-entente est une reconstruction a posteriori. Il y a une alliance franco-russe. Et entre la Grande-Bretagne et la France, une entente cordiale qui n'est en rien une alliance militaire. La Grande-Bretagne est intervenue à cause de la violation de la neutralité belge, pas parce qu'elle était liée à la France.
Il faut absolument se sortir de la tête l'idée d'une réaction en chaîne qui aurait fait dégénérer un conflit local en guerre mondiale. Comme si on envoyait des millions de soldats contre ses voisins sans savoir pourquoi. La guerre est absurde aux yeux de ceux qui la subissent, pas de ceux qui la décident.
Vienne s'est sentie pousser des ailes pour frapper Belgrade car elle se savait couverte par Berlin en raison de la décision de Guillaume II (il n'y aurait jamais eu d'ultimatum sans cela).
Mais la situation s'est éternisée, faisant naître une crise diplomatique européenne.
Guillaume II, pour désamorcer la crise, a pensé pouvoir demander aux Autrichiens d'occuper Belgrade sans envahir le reste de la Serbie, ce qui aurait été une sortie de crise honorable.
Mais entre temps, ceux qui comptent dans l'appareil militaire allemand ont décidé que le moment était opportun d'exécuter le plan Schlieffen. L'empereur n'était alors plus maître du cours des choses et s'est raccroché au wagon de la guerre européenne.
Lisez Fromkin et faites vous une idée. Je vous assure que le complot terroriste serbo-bosniaque est un point de détail dans l'histoire du déclenchement de la Grande Guerre.
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